Sean Nicholas Savage : Beauté sauvage
Musique

Sean Nicholas Savage : Beauté sauvage

À seulement 23 ans, Sean Nicholas Savage a déjà cinq albums indépendants à sa discographie, dont le dernier, Movin Up In Society.

Grand et efflanqué. Cheveux courts. Dent cassée. Regard intense, quasi démoniaque. Moustache peu fournie – on croirait presque du duvet. Sean Nicholas Savage est un personnage plus suspect qu’intrigant. Or, lorsqu’il se met à chanter, le musicien sonne comme un oiseau. Un magnifique merle noir. On en oublie les soupçons initiaux, et son air de possédé se transforme en magnétisme scénique hors norme, comme on en voit très rarement.

Qu’il chante l’amour, les castes sociales ou la liberté, le musicien natif d’Edmonton, déménagé à Montréal pour rejoindre des amis il y a deux ans, le fait avec une candeur désarmante. En deux ans à peine, le prolifique compositeur a complété cinq albums, excluant les productions des Silly Kissers avec qui il jouait jusqu’à tout récemment. Sur le plan mélodique, plus Savage compose, meilleures sont ses chansons. À preuve, le magnifique Movin Up In Society lancé en format cassette et en version digitale (téléchargeable gratuitement) via l’étiquette indépendante montréalaise Arbutus. "Cinq albums, ça peut paraître beaucoup, mais enregistrer des chansons ne me prend pas vraiment de temps. Il y a toujours de nouveaux disques à écouter. Ça m’inspire et je prends ma guitare."

Si les précédentes offrandes de Sean Nicholas Savage étaient échafaudées à partir d’influences folk auxquelles on ajoutait à l’occasion des pistes de batterie synthétique, relevant ainsi l’aspect lo-fi de la facture, Movin Up In Society est 100 % organique et rappelle l’esthétique sonore du mouvement folk-pop peace & love californien ou du vieux country. "Mon père m’a toujours dit que mes pièces avaient besoin d’une vraie batterie. J’ai décidé de l’écouter cette fois. Notre budget (minime) d’enregistrement n’a rien à voir avec notre son plus lo-fi. Je cherchais un vieux son parce que la musique que j’écoute sonne ainsi. Je savais également Sebastien (Cowan, le réalisateur) capable de le reproduire. On a collé du tape et des serviettes sur la batterie et on a ajouté une bonne réverbération à ma voix."

Chevrotante, doublée de romantisme, cette voix s’avère un autre atout précieux du chansonnier. "Certains trouvent que je chante comme un crooner, mais je ne crois pas avoir une voix si spéciale. J’aime bien la voix d’Elvis, de Gordon Lightfoot et de Jacques Brel. En fait, Brel est le plus grand interprète que j’ai vu sur mon écran d’ordinateur. Sublimes étaient sa musique et ses mots. C’était aussi un acteur formidable."

Maintenant que Movin Up In Society permet à Sean d’attirer l’attention, il y a fort à parier qu’une étiquette de plus grande envergure s’intéressera au Montréalais. Prêt à faire le saut? "La petite étiquette Arbutus est ma maison. Pour ce qui est du Canada, j’aimerais donc rester avec elle. Mais quant à l’international, relancer mon album dans divers pays me rendrait heureux." C’est une question de temps.

À écouter si vous aimez /
Tim Buckley, Burt Bacharach, Jens Lekman