Chloé Sainte-Marie : Continuer sa route
Musique

Chloé Sainte-Marie : Continuer sa route

Elle a joué la comédie et désormais elle chante la vie. Rencontre avec une artiste audacieuse et touchante: Chloé Sainte-Marie.

Il y aura bientôt un an, le Québec perdait un de ses plus importants cinéastes. Pilier marquant de la filmographie québécoise, Gilles Carle aura inspiré de nombreux artistes et il aura façonné un art qui en était alors chez nous à ses balbutiements.

Pour sa part, le 28 novembre 2009, triste jour du décès de Gilles Carle, c’est une partie d’elle que Chloé Sainte-Marie voyait s’en aller. On ne peut oublier près de 30 années en compagnie d’une personne qu’on a aimée. En fait, on préfère se souvenir. "J’ai besoin de dire ma vie avec Gilles Carle. En préparant l’exposition Parce que c’est lui, c’est toute notre histoire que je revois. Tous ses dessins, ses peintures et ses photographies qui sont exposés me rappellent des moments en sa présence. Je trouve ça important de perpétuer son souvenir par son oeuvre."

Elles sont rares les comédiennes à s’être converties à la chanson avec succès et Chloé Sainte-Marie figure dans ce court palmarès. Questionnée à propos d’un possible retour devant la caméra, celle qui avait fait chavirer le coeur de bien des hommes dans le film La Postière est plutôt catégorique: "Je sais que je n’ai plus envie de revenir au cinéma. J’ai aimé faire des films avec Gilles et ça me suffit. Pour ce qui est d’un retour au théâtre, on ne sait jamais. J’aime être sur scène, mais la chanson me permet déjà d’y être et en plus, c’est une pratique que je trouve beaucoup plus gratifiante. Il y a un contact direct avec les spectateurs et c’est ce dont j’ai besoin."

À la différence de plusieurs artistes qui sont constamment à la recherche du plus petit dénominateur commun, Chloé Sainte-Marie a toujours nagé à contre-courant. Dès son album Je pleure, tu pleures paru en 1999, elle s’entichait d’un texte de Gaston Miron et elle fut d’ailleurs la première à avoir donné vie en chanson à l’oeuvre du poète.

Son dernier disque, Nitshisseniten e tshissenitamin (Je sais que tu sais), fait notamment foi de cette volonté d’amener la chanson à un autre niveau. En produisant un album exclusivement en langue innue, la chanteuse ne pouvait être accusée de donner dans la facilité. Comme dans toutes les sphères de sa vie, il semble que ce soit la passion qui l’ait guidée. "C’est Philippe McKenzie qui a écrit toutes les chansons. Il y a 20 ans, j’ai immédiatement senti un coup de foudre total lorsque j’ai entendu ce qu’il faisait. Puis, Joséphine Bacon m’a fait réaliser que je devais collaborer avec lui pour mon prochain disque et ça a donné l’album Je sais que tu sais."

Chloé Sainte-Marie ne s’en cache pas, à son avis, la culture autochtone gagnerait à être mieux connue du grand public. "Dès notre entrée à l’école, on devrait apprendre une langue autochtone. En plus, on nous enseigne notre histoire tout croche."

En attendant une telle révolution, disons que Je sais que tu sais est un excellent départ.

À écouter si vous aimez /
Gaston Miron, Philippe McKenzie, Joséphine Bacon