Lazer Sword : La danse du sabre
Musique

Lazer Sword : La danse du sabre

Le duo californien Lazer Sword a une surprise pour toi.

Il y a quelques années, Montréal a été le théâtre d’une petite révolution en musique électronique. C’était en 2007-2008, aux maintenant légendaires partys Turbocrunk, où le tandem Megasoid et ses invités d’ici et d’ailleurs s’adonnaient à des séances de remix en direct. Électro pointu et hip-hop commercial s’y mêlaient d’une manière encore jamais entendue.

Puis, ses principaux acteurs se sont retirés en studio ou, dans le cas de Megasoid, à Vancouver. Ce n’est finalement que cette année qu’on a commencé à entendre les premiers vrais albums nés de cette vague: Glitch Mob au printemps, puis maintenant le tandem californien Lazer Sword, qui lançait cette semaine un premier album éponyme épatant, sur lequel on retrouve toutes les folies rythmiques et la vision éclatée, quasi science-fiction, du hip-hop vécues aux soirées Turbocrunk.

Bryant Rutledge (alias Low Limit), jadis invité régulier des soirées Turbocrunk en compagnie de son compère Antaeus Roy (alias Lando Kal), explique pourquoi Lazer Sword a pris tant de temps à transposer sa musique sur disque, aidant du même coup à comprendre ce qui est arrivé à toute cette scène (souvent nommée "lazerbass" ou "elecro-crunk", au grand dam de ses créateurs). "Il y a plusieurs facteurs, mais une grosse partie tient au fait que nous nous sommes longtemps concentrés sur la tournée et les concerts dans les clubs. Ça n’était pas prévu – nous sommes à la base un projet studio -, mais il s’est mis à y avoir une grande demande et tout le plaisir et le défi que ça représentait pour nous est presque devenu une priorité."

"Deuxièmement, nous avons pris du temps à trouver la direction que nous voulions vraiment emprunter. Beaucoup d’influences sont allées et venues au gré des modes musicales", souligne Rutledge.

À ce chapitre, l’avènement du dubstep est venu brouiller les pistes. "À un moment donné, on a senti que tout le monde possédant Ableton Live s’y mettait", relate l’ex-journaliste de la revue XLR8R. "On a atteint un point de saturation. Toute la musique qui sortait n’était qu’explosions de basses bruyantes, "blaaaap! blaaaap!" dans ta face. Excessif, quoi. Pour des gens comme Rob (Squire, Megasoid) et nous, c’en est devenu débandant, alors qu’avant, on le faisait nous-mêmes sans trop y réfléchir. Il a fallu prendre du recul, le temps de se dire: "OK, on n’est pas là juste pour la défonce. On aime la subtilité musicale"."

Maintenant séparés dans deux villes distinctes après avoir vu le jour à San Francisco (Rutledge vit depuis peu à Los Angeles et Lando Kal, à Berlin), les membres de Lazer Sword ont moins d’occasions de se retrouver, et profitent donc de celles-ci davantage. "On a de la chance d’avoir ce scénario de dragon à deux têtes, sur scène. Ça nous permet d’improviser et de jouer avec les idées de l’un et de l’autre. À priori, nous recréons nos morceaux tels qu’on les a enregistrés, mais nos stations sont calibrées de manière à ce que si l’inspiration frappe au beau milieu d’une chanson, l’un de nous puisse dire à l’autre: "hey, tu devrais ôter la basse dans quatre mesures, j’ai une surprise pour toi". C’est totalement ouvert. Pour les gens, je crois que c’est amusant à regarder et à écouter, puisqu’ils peuvent très bien percevoir les imprévus."

À voir si vous aimez /
Modeselektor, Flying Lotus, Nosaj Thing