Luce Dufault : En apesanteur
Luce Dufault voyage avec le spectacle Luce depuis le printemps. Elle fait un dernier tour de piste avant de se plonger dans la comédie musicale Les Filles de Caleb.
Septième album en carrière, deuxième de covers, Luce aurait pu être le premier de Luce Dufault. "Luce, c’est ce que je faisais dans les bars, explique-t-elle, confortablement assise dans le hall de la Maison de la culture de Trois-Rivières. Quand mon premier disque a été lancé, le public des bars et les journalistes que je connaissais – j’avais commencé à chanter avec Dan Bigras – ne s’attendaient pas à ça. Il y en a qui étaient déçus, d’autres qui étaient agréablement surpris. Mais il y en avait beaucoup qui ne comprenaient pas pourquoi j’étais allée vers la pop française alors que je faisais plutôt du blues anglophone. Ils ne s’attendaient pas nécessairement à un album en anglais, mais à quelque chose de plus R&B. Ce que je n’avais pas fait parce que je n’arrivais pas à trouver ce que je voulais en français dans ce genre-là. Ensuite, il y a eu Starmania, puis on m’a proposé des chansons… Donc, cette envie de chanter des pièces que j’interprétais à l’époque, dans les bars, je l’ai toujours un peu mise sur la tablette. Puis, je me suis dit: "Bon, je le fais, cet album, et je l’assume jusqu’au bout.""
Si Luce est entièrement composé de reprises anglophones (I Can’t Stand the Rain, Time After Time, My Funny Valentine, entre autres), le spectacle, lui, ne l’est pas. "En show, on ne fait pas tout l’album. Je ne voulais pas me présenter et m’adresser au public en anglais. J’ai vraiment fait ce disque par plaisir personnel et pour ceux qui me le demandaient depuis plusieurs années. C’est comme un aparté. En spectacle, je chante des pièces du dernier album, mais je fais aussi un survol de tous mes disques précédents, en version réarrangée." Oui, réarrangée, puisque la native d’Orléans en Ontario n’est accompagnée que de deux musiciens sur scène: ses complices Jean Carbonneau et Jean-Sébastien Fournier. "Ça donne quelque chose d’intimiste. En même temps, c’est assez impressionnant ce qu’on peut faire lorsqu’on a du monde talentueux autour de nous. [Rires.] Ti-Bas peut jouer du piano et de la basse en même temps. Jean joue de la basse, de la guitare, du lap steel, de l’accordéon. Donc, à trois, il y a moyen d’aller où on veut." Se replonger dans un univers R&B rempli de souvenirs doit être grisant, non? "Oui, j’adore ça. Quand je chante en anglais – surtout que ce sont des chansons que j’interprète depuis tellement longtemps -, j’ai l’impression de ne pas penser. C’est comme si je me laissais complètement aller."
Nul doute que la chanteuse souhaitera retrouver cet état de grâce au printemps prochain, alors qu’elle prêtera ses traits à l’attachante Émilie Bordeleau dans la comédie musicale Les Filles de Caleb. "Je vais jouer pour la première fois. Je n’ai jamais fait ça. Dans Starmania, je n’avais aucun dialogue parlé. Dans La Légende de Jimmy non plus." D’où l’importance, pour elle, d’être bien dirigée par le metteur en scène Yvon Bilodeau. Car les attentes du public risquent d’être grandes. "Marina Orsini a incarné ce rôle-là de façon magnifique. En me lançant là-dedans, je vais souhaiter que les gens dans la salle n’espèrent pas qu’elle va sortir sur scène!" conclut Dufault en riant.
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