Sébastien Lépine / SLP : Comme une tonne de briques
Violoncelliste trifluvien issu du milieu classique, Sébastien Lépine se débarrasse de ses habits proprets en lançant SLP, un projet de rock progressif.
Sur une affiche, le nom de Sébastien Lépine est habituellement accolé à un concert de musique classique. Cette fois-ci, il en est autrement. Le 26 novembre prochain, le violoncelliste de Trois-Rivières montera sur les planches de la Maison de la culture de Trois-Rivières non pas pour y interpréter des oeuvres de Bach ou de Schubert, mais pour y dévoiler les compositions qu’il a créées pour SLP, son nouveau projet de rock progressif.
On peut se demander ce qui a poussé le musicien, qui a le privilège de jouer sur un Stradivarius (1699) et qui est très apprécié dans son milieu, à explorer un créneau plus moderne. "Au début des années 1990, j’ai vu un musicien jazz qui jouait sur un violoncelle électrique: Eric Longworth. L’instrument m’avait complément séduit par les possibilités qu’il offrait, qui sont différentes de celles de l’instrument acoustique, se rappelle Lépine. Comme le concert était au Cégep de Trois-Rivières, j’avais rencontré Longworth et il m’avait fait essayer son violoncelle. Le coup de foudre! Sauf que j’étais embarqué dans des études classiques… Mais, c’est toujours resté dans ma tête." Quelque part autour de 2006, alors qu’il travaille avec le violoniste Antoine Bareil sur le spectacle Cordes en délire, le Mauricien voit soudainement son vieux fantasme refaire surface. "C’est à ce moment-là que j’ai commencé à explorer. Comme on s’était donné le mandat d’écrire une pièce pour le spectacle, j’ai fait d’une pierre deux coups: j’ai écrit pour l’instrument électrique. Le besoin de composer est alors devenu encore plus criant. J’ai donc commencé à écrire, mais plus pour un band: violoncelle, guitare, basse et batterie. Puis, en 2007, j’ai eu une bourse du Fonds dédié des arts pour écrire de la musique et produire un spectacle. C’est là que SLP a débuté."
LE SON D’UNE ÉQUIPE
Ceux qui ont assisté au premier concert de la formation en juin 2007, dans un parc de Pointe-du-Lac, remarqueront que plusieurs visages ont changé depuis. De la cuvée originale, il ne reste que le batteur Denis Marchand. "Après le show de Pointe-du-Lac, on a dû trouver d’autres membres, confie le violoncelliste. Deux des musiciens du départ ne voulaient pas investir plus de temps là-dedans. Parce que ça demande beaucoup de temps pour trouver un son de band. Ian Peterson est arrivé à la basse, puis Martin Carbonneau à la guitare. Ian vient plus du monde du jazz. Martin fait partie de Martyr, un groupe métal. Denis a une formation classique, mais c’est un amoureux du rock progressif. Il tripe sur les mesures irrégulières. Chacun amène sa couleur et ses sonorités. Et c’est comme ça qu’on a réussi à travailler un son qui nous est propre."
King Crimson, Gentle Giant, The Dream Theater et Porcupine Tree sont quelques-uns des groupes avec lesquels SLP entretient des liens de parenté. "Mais ils ne m’ont pas influencé, insiste Lépine. Je suis tellement dans mon monde classique que ce que j’ai écrit vient vraiment de ce que j’avais à l’intérieur de moi." Il ajoute: " Au départ, l’oeuvre qui m’a le plus incité à composer et ce vers quoi j’allais, c’est The Way Up de Pat Metheny. C’est une pièce qui dure à peu près 50 minutes et qui part d’une cellule mélodique, que Metheny a réarrangée. Il a fait toutes sortes de variations rythmiques et mélodiques autour d’elle. C’est tellement bon! Ça a complètement bouleversé l’artiste en moi. Par la suite, j’ai écrit. Je ne savais pas du tout comment ça allait sortir. Le but du départ, c’était de ne pas se sentir en zone de confort." De fait, les compositions de Lépine demandent une certaine dextérité de la part de ses interprètes. "C’est assez virtuose! Il y a beaucoup de notes. Ce n’est pas du Pink Floyd où tu flottes. C’est assez actif. C’est d’ailleurs mon problème! Quand je me suis mis à jouer ce que j’avais composé, je me suis dit: "Je suis niaiseux d’avoir écrit ça parce que ce n’est pas jouable!""
Malgré cela, le public devrait avoir beaucoup de plaisir à entendre le contenu de Perception, le premier album de SLP (réalisé par Marc Langis), vendredi. "On dit souvent que le rock progressif touche les hommes, les baby-boomers. Mais je me suis aperçu qu’avec le violoncelle, ça touche plus de gens. Peut-être parce que l’instrument a un côté plus lyrique…"
Le 26 novembre à 20h
À la salle Anaïs-Allard-Rousseau
Voir calendrier Jazz/Actuelle
SLP
SLP
(Unicorn Digital)
À écouter si vous aimez
Pat Metheny, King Crimson, Gentle Giant