Shai Hulud : Envers et contre tout
Le groupe hardcore Shai Hulud se fout des tendances et des dictats de la société commerciale. Ses 15 années d’existence en sont la preuve irréfutable.
Les chanteurs se sont multipliés à un rythme effréné dans l’histoire du groupe Shai Hulud. Depuis le départ de Chad Gilbert, fondateur du groupe New Found Glory par la suite, le guitariste Matthew Fox ne cesse de recruter de nouveaux élus. Avec l’album Misanthropy Pure en 2008 (seulement le troisième album de la formation en plus d’une douzaine d’années), on croyait bien que Matt Mazzali allait donner un peu de répit à Fox. Mais depuis un an, nous voici en face du sixième chanteur en titre: Mike Moynihan.
Fox nous admet que l’histoire semble se répéter à chaque tournée que la formation de Floride entreprend. Avec humour, il avoue qu’il est maintenant habitué à cette situation et qu’il finit toujours par trouver une solution. Lorsque Moynihan a été choisi, il était le seul chanteur à passer une audition pour le groupe. Audition est un grand mot; Shai Hulud a préféré imposer le vrai test à son nouveau membre: la scène.
"Ce n’est peut-être pas la meilleure façon d’intégrer quelqu’un dans un groupe, mais c’est la seule qu’on connaisse, admet-il en riant. De toute façon, on n’aurait pas les moyens de faire une série d’auditions, pendant un mois, avant de partir en tournée. Nous sommes un groupe pauvre qui fait des spectacles sans arrêt. Si quelqu’un embarque avec nous, il comprend assez tôt notre situation. Nous sommes dans un train et il n’est pas question qu’il s’arrête, il ne va même pas ralentir. Donc, si Mike embarquait, il savait à quoi s’attendre: peu de préparation avec le groupe, la scène, et tu fais ton job."
Même si le terme metalcore devient de plus en plus éculé, Shai Hulud en incarne les fondements. Rares sont les formations qui sont demeurées aussi intègres et imperméables aux nouvelles tendances musicales. "De la passion et de la haine, c’est ce qui doit s’exprimer dans le chant, résume-t-il. La personne doit hurler comme si elle donnait tout ce qu’elle a. Tout ce qu’elle ressent à l’intérieur doit sortir. Mais ça doit être honnête, on ne veut pas un chanteur death metal, il n’est pas question pour nous d’avoir quelqu’un qui trafique sa voix comme s’il était un être surnaturel ou encore un animal. Notre chanteur ne hurle pas comme un cochon sorti de l’enfer. Nos paroles représentent des pensées et des émotions humaines."
Nous savions Matthew Fox un grand mélomane, et de récentes déclarations sur le groupe québécois Voïvod ont piqué notre curiosité. "Tu me demandes si j’aime bien Voïvod? Non, pas du tout", répond-il ironiquement. "Ce que je peux dire, c’est que Voïvod est une influence majeure dans ma carrière. Tu viens de nommer mon groupe préféré. En écoutant Voïvod, j’ai appris à écrire de la musique. Ce groupe se distingue de tous les autres. Dimension Hatröss et Nothingface, même The Outer Limits, ce sont des classiques. Je me rappelle que lorsque nous avions sorti notre premier disque (Hearts Once Nourished with Hope and Compassion, en 1997), j’avais envoyé l’album par la poste au groupe, avec une lettre de remerciement. Je ne sais pas s’il l’a reçue, je l’espère. Ça peut te montrer à quel point je suis fan."
À écouter si vous aimez /
Propagandy, Voïvod, Testament