L’Indice : Tous les sens
L’Indice ou la quête du bonheur sur plateformes multiples.
Pas facile de trouver du temps pour soi quand on est le rat de studio attitré de la scène locale. Mais à travers ses contrats de réalisateur (et de musicien de scène) pour Géraldine, Le Husky, Navet Confit et autres, Vincent Blain a encore de la place pour son propre projet, L’Indice. "À un moment donné, il faut que j’avance dans mes propres trucs. Sinon, mon humeur change. Psychologiquement et physiquement, je ne peux plus me consacrer à autre chose. Qu’importe si je n’ai pas de compagnie de disques derrière moi, pas d’argent", témoigne le jeune trentenaire, qui admet devoir planifier ses élans de création de façon un peu plus serrée qu’avant. "L’inspiration, c’est dans l’air. Il y a le risque de diluer ses idées. T’es mieux de mettre toutes tes bonnes idées du moment dans le même projet et ensuite de passer à autre chose. Sinon, tous tes disques vont sonner pareil."
Deux ans après Le Jour après Noël, un premier mini-album aux accents électro sombres, Blain largue cette semaine Le Bonheur, une suite au son plus rock, conséquence de la transposition live du projet (qui inclut le bassiste Étienne Rocheleau, le claviériste Éric Shaw et le batteur Mathieu Vézio) et d’une collaboration plus étroite que jamais avec son partner in crime, Navet Confit. "Le premier album avait été fait un morceau à la fois, avec beaucoup de loops, et j’ai presque tout fait moi-même. Je ne pouvais pas vraiment aller chercher un son rock tout seul dans mon sous-sol. Je gardais mes tounes plus rock pour plus tard."
Différence de ton, également, dans l’humeur plus guillerette de cette nouvelle mouture, quoiqu’il faille la prendre avec un grain de sel. "Ce n’est pas parce qu’on parle de bonheur qu’on l’a nécessairement, précise l’artiste. Ça peut être l’absence de bonheur… S’il fallait mettre un doigt sur le sens du disque, ça serait plus la recherche du bonheur. Ce n’est pas: J’ai trouvé le bonheur pis je suis super joyeux!" Le thème lui a été inspiré par des tentatives de suicide dans son entourage.
Blain a joué la carte de l’indépendance jusqu’au bout en filtrant Le Bonheur par petites doses via son blogue (lindicelebonheur.blogspot.com), en quatre parties depuis le début de l’automne, accompagnant chaque chapitre de photos exclusives, de vidéos du making of de l’album ainsi que de vidéoclips faits maison. L’expérience visait surtout à maintenir une certaine visibilité en l’absence d’une vraie machine à promo derrière lui, mais aussi à toucher à d’autres médias. "Je me suis improvisé cinéaste, pour faire les vidéoclips. Je n’avais jamais fait ça avant, mais ça m’intéresse", raconte-t-il. Fortement influencé par l’art visuel de Keith Haring et les images de Michel Gondry et Norman McLaren, il aspire à amener L’Indice sur un maximum de plateformes, dont un spectacle multidisciplinaire sur lequel il planche présentement. "Ce sont généralement les artistes multidisciplinaires qui m’inspirent le plus, ceux qui vont vers la performance et l’interactif, plutôt que juste la peinture ou la sculpture", note-t-il.
Qu’importe que le territoire lui soit moins connu que la réalisation d’albums. "Je ne me prends pas pour un grand artiste, mais j’aime ça et je pense que j’ai de bonnes idées."
À voir si vous aimez /
Navet Confit, The Good, the Bad & the Queen, Flaming Lips