Yoel Diaz : D’une île à l’autre
Dans la foulée de la parution de son album Encuentros en août dernier, le pianiste et compositeur Yoel Diaz poursuit sur scène ses rencontres entre jazz et musiques populaires cubaines.
"J’essaie de maintenir un côté cubain dans ma musique, de garder à l’esprit la syncope", affirme Yoel Diaz avec son délicieux accent espagnol, en guise de résumé de sa démarche. "À Cuba, j’ai étudié dix ans en percussions cubaines et classiques, et c’est sans doute ce qui explique ma préoccupation pour le rythme." Et ce n’est pas sans un certain orgueil patriotique qu’il rappelle que "les percussions cubaines, les rythmes afro-cubains sont les plus complexes, les plus variés au monde". Installé au Québec depuis 1997, le musicien natif de Holguin et diplômé de l’école supérieure José White de Camaguey se définit davantage comme compositeur que comme interprète; voilà pourquoi il est passé si spontanément des percussions au piano. "Le piano, c’est l’instrument complet, celui qui m’inspire pour faire de la musique. C’est un orchestre en soi, qui me donne une vision globale de la mélodie, de l’harmonie, du groove. Tout y est!"
Ainsi que le suggère le titre de son récent CD, Encuentros, Yoel Diaz oeuvre au carrefour du jazz et des multiples avatars de la musique populaire cubaine, du boléro au yambú, en passant par le cha-cha-cha, le danzón et le són. "Je trouve important de développer, de réactualiser ces formes parfois méconnues, parfois même oubliées. Les boléros, par exemple, ce sont un peu nos standards à nous, à Cuba. J’aime développer et extrapoler sur ces rythmes, ces harmonies." Par sa volonté de faire progresser le jazz d’inspiration cubaine tout en s’attachant à ses racines, par son souci de la mélodie, il s’inscrit dans le même courant que d’autres pianistes cubains tels que Roberto Fonseca et Omar Sosa.
Depuis qu’il a quitté son île pour celle de Montréal, Yoel Diaz n’a cessé de multiplier les collaborations avec des artistes issus de toutes les sphères de la musique: Verónica Larc, Lorraine Klaasen et Luc De Larochellière, pour ne nommer que ceux-là. Comme sur le disque auquel ont participé autant de compatriotes (dont le trompettiste Eduardo Sanchéz et le percussionniste Roberto Osiro "Kiko") que de Québécois de vieille souche (notamment le contrebassiste Alex Bellegarde et la flûtiste Nathalie Picard), le concert du 8 décembre au Petit Campus creusera ce riche sillon du métissage, avec en fond de scène la projection des magnifiques oeuvres picturales de Ronald Guillén, Magalys Reyes et Rodobaldo Del Risco qui illustrent le livret du CD. Mais Diaz ne cache pas sa joie de compter aussi sur la présence d’une invitée de marque qui avait également pris part à l’enregistrement, la chanteuse Karen Young qui interprète Somewhere in February, une chanson qui exprime "mon premier contact avec l’hiver, l’éloignement de ma famille".
Nostalgique, Yoel Diaz? Peut-être un peu, quoique les yeux résolument tournés vers l’avenir.
À voir si vous aimez /
Chucho Valdes, Omar Sosa, Roberto Fonseca