Fred Fortin
Il a remporté les prix d’auteur-compositeur de l’année et d’album chanson de l’année aux derniers GAMIQ pour Plastrer la lune, son cinquième album en carrière. Malgré un succès désormais indéniable, Fred Fortin demeure humble, ouvert et sympathique comme sa musique.
Je sens une belle assurance dans sa voix. Celui qui me parle trimballe un parcours pas toujours évident d’auteur et compositeur de musique, au Québec, malgré tout bardé de francs succès. Le flamboyant Fred Fortin, celui qui est débarqué seul sur une scène avec un orchestre sur le dos, celui qui a révolutionné le parler dans la chanson québécoise avec une poésie brute que plusieurs gardent encore en bouche, celui qui a transposé les clichés de son village natal en vibrants et colorés personnages s’inscrit de lui-même dans un paysage musical sans cesse en mouvance, et ne peut se résoudre à travailler dans une seule direction.
Dans son parcours, une évolution confirmée. Il a conquis le coeur de bien des québécois avec son premier album, Joseph Antoine Frédéric Fortin Perron. Après Le Plancher des vaches (2000), beaucoup plus rock, peut-être moins accessible, et Du pic au coeur (2001), il nous présente Planter le décor (2004), réalisé en studio et d’une sonorité beaucoup plus chargée. C’est d’ailleurs en studio qu’il découvre un attrait particulier pour la réalisation. Il réalisera par la suite l’album Trois Petits Tours, du chanteur français Thomas Fersen.
Plastrer la lune, c’est en quelque sorte son retour sur terre. L’album nous offre un son presque réconfortant. Le bon vieux Fred, serait-on tenté de dire. Une réunion des plus belles envolées musicales, de l’humour, de l’authenticité qu’on a rencontrés tout au long du parcours musical de celui qui est désormais bien planté dans le décor québécois. La maturité? Sans aucun doute… Fortin approche de la quarantaine. Le temps qui passe ne laisse personne indifférent. Père de famille engagé, il ne joue désormais que les vendredis et samedis soir afin d’être présent la semaine pour ses enfants. "Je trouve ça important d’être là. Même quand je suis en pleine création, ma blonde est toujours installée avec les petits dans un chalet pas loin, pis on s’organise."
Comment un rockeur survit-il à la trentaine? "Je ne sais pas, avoue-t-il. Une chose est sûre, c’est que moi, ce que j’aime, c’est faire du live, être sur une scène. Ça fait que tant que le corps va suivre, je vais être à la recherche de nouvelles expériences musicales. Et il m’en reste encore pour un bon bout… j’espère!" On peut sûrement compter sur le démon du midi pour nous faire rocker encore quelques années…
Pour le futur, "quand je serai déchu", dit-il en riant, il envisage des projets qui lui permettraient de rester plus proche de la maison. Par exemple? La musique de film, dont il a d’ailleurs fait l’expérience pour un documentaire de Martin Bureau (l’artiste peintre et ami de longue date qui conçoit toutes ses pochettes d’albums). N’étant pas très satisfait du résultat, Fred se promet de remettre ça. "On peut toujours faire mieux." Mais ce ne sera pas pour tout de suite. Seulement quand la scène ne voudra plus de lui…
Fidèle à sa démarche éclatée comme à son envie d’explorer de nouvelles avenues, Fred Fortin m’avoue vouloir se permettre un show à tangente rock au Vox, à Dolbeau. "Le public du Lac connaît pas mal ce que je fais d’autre aussi, avec Galaxie 500 et Gros Mené. Ça va bouger." Sur scène avec ses fidèles acolytes Olivier Langevin, Jocelyn Tellier et Justin Allard, Fortin nous promet donc un Plastrer la lune quelque peu revisité. "Le show est en constante mutation, et on se permet aussi de jouer avec de l’ancien matériel."
À voir si vous aimez /
Vincent Vallières, Galaxie 500, Gros Mené