Freelance Whales : Cétacé le cloisonnement
Les Freelance Whales aiment faire le trottoir.
Jeune homme compose assortiment de morceaux chroniquant souvenirs d’enfance et rêves (le chanteur Judah Dadone). Jeune homme forme groupe pour donner vie au matériel (merci, Craigslist). Groupe autoproduit un album (Weathervanes, originalement lancé fin 2009). Album se voit réédité par le label indé Frenchkiss Records (Passion Pit, Local Natives, Les Savy Fav). Groupe conquiert la blogosphère, voit ses chansons réutilisées à la télé et jouit depuis d’un succès enviable chez les fans d’indie pop…
Il n’y a pas à dire, la trajectoire du quintette new-yorkais est assez typique de la nouvelle donne de l’industrie musicale indépendante. À deux détails près.
Le premier: le terrain où il a choisi de faire ses dents côté concerts – la rue et le métro. "Nos tout premiers concerts étaient dans des bars, mais notre assistance était modeste… Des amis, de la famille… On cherchait une manière de rejoindre les gens qu’on ne connaissait pas", relate Chuck Criss, multi-instrumentiste (au même titre que ses compères). "Ça nous a certainement permis de nous faire connaître au-delà du public qui fréquente les shows indie rock. Dans la rue, on s’adresse à tout le monde et on peut prendre les gens par surprise. Personne ne s’attend à entendre ce genre de musique en montant dans le métro… Ça laisse une impression profonde. Certains n’ont le temps d’écouter qu’une seule chanson, achètent le disque, continuent de découvrir la musique à la maison et reviennent ensuite aux concerts", poursuit le musicien, qui regrette cependant que la méthode soit désormais à utiliser avec circonspection. "Le problème, outre nos horaires de tournée, c’est que c’est perçu comme un coup de publicité délibéré, quand on a atteint une certaine notoriété. On aimerait aussi le faire en tournée, mais les règlements municipaux entourant la musique en public sont trop différents d’un endroit à l’autre."
Second trait distinctif: le choix d’armes – un assortiment de synthétiseurs et d’instruments acoustiques antiques (banjo, mandoline, harmonium, glockenspiel…) assurément plus éclectique que l’arsenal rock "normal". "On est simplement intéressés par la rencontre entre l’organique et l’électronique, la dichotomie nature versus technologie, explique Criss. Dès que le son est un peu rural, c’est chouette d’y jeter un peu d’électronique, et vice-versa. Ça donne des textures plus intéressantes. Et puis, nous sommes tous des collectionneurs d’instruments… Pourquoi ne pas provoquer des rencontres?" En tournée, on garnit les bagages de trouvailles… Possibles ajouts de cithare et de ukulélé à huit cordes à l’horizon.
Contingentement dans la nation indie rock? Connaît pas. Criss: "Ce qui est cool avec le terme "indie", c’est que c’est une bannière vaste, qui ne décrit pas un son en particulier. Ça inclut tout, du folk au art métal. Ça permet à tout le monde de faire son propre truc tout en courtisant un même public. Des bands qui n’auraient autrement jamais joué ensemble sont portés à se réunir. Par exemple, nous avons tourné avec Cymbals Eat Guitars et Bear in Heaven, qui sont deux groupes exceptionnels, mais qui n’ont rien à voir avec ce qu’on fait. Mais ceux qui s’identifient à l’indie rock aiment les trois genres. On vit à une époque où les gens ont soif d’éclectisme."
À voir si vous aimez /
The Postal Service, Sufjan Stevens, Neutral Milk Hotel