Greg Laswell : Le clown triste
Bon an, mal an, Greg Laswell roule sa bosse de troubadour de bar en bar. Son nouvel album, Take a Bow, propose les ruminations d’un homme prêt à amorcer un nouveau chapitre de sa vie.
À San Diego, sa ville natale, ainsi qu’un peu partout aux États-Unis, l’auteur-compositeur Greg Laswell a la réputation d’être un bon gars. Savoir qu’il a déjà fréquenté la cute-cute-cute Mandy Moore et qu’il a repris Girls Just Wanna Have Fun de Cyndi Lauper pour la trame sonore du navet Confessions of a Shopaholic – "J’ai toujours aimé cette chanson!" se défend-il – n’aidera pas à se détacher de l’étiquette d’homme poli et propret qu’on lui accole naturellement. Pas plus que d’entendre à satiété ses chansons pour ainsi dire en boucle dans bon nombre de populaires séries américaines, dont Grey’s Anatomy. Des étiquettes, Laswell n’en a que faire. Vraiment. "Mon meilleur ami dit de moi que je suis le plus heureux des gars tristes et je pense que ça me convient. Que je sois perçu comme un gars plaisant et facile à vivre, cool. Mais je ne suis pas vide", affirme-t-il d’emblée, à propos de ces allégations.
Heureux/triste, soit. Une dichotomie qui prend tout son sens à l’écoute de Take a Bow, un troisième album d’indie rock planant dans lequel Laswell convie l’auditeur à bon nombre d’introspections sur certains des échecs qu’il a essuyés dans le passé. "C’est de mon divorce qu’il a été question dans mes deux premiers albums. Plus je m’éloigne de cet épisode de ma vie et plus il m’est facile d’en analyser les conséquences, d’y jeter un regard plus objectif. C’est ce dont il est question dans la plupart des chansons de Take a Bow", confie le chanteur. "Cela dit, c’est sur cet album qu’il y a les chansons les plus rythmées que j’ai enregistrées. Prends par exemple Take Everything, qui est tout simplement heureuse. Il y en a quelques-unes du genre sur l’album."
Il est vrai que cette dernière est bâtie sur un bpm plus élevé, que des banjos y crient le soleil, mais il n’en reste pas moins que les sujets abordés – ruptures amoureuses et lettres ouvertes d’un désarroi et d’une tristesse souvent indicibles – peuvent peser lourd sur le moral, une fois en concert. "En spectacle, je tente de désamorcer ces histoires pas évidentes. Chaque soir, il est clair que je me replonge dans des sentiments que je ne voudrais pas revivre, mais y replonger m’aide à prendre de la distance. C’est pourquoi je suis capable d’en rire. Il n’est pas rare que des gens qui sont venus me voir en concert passent me voir et me disent: »Non, mais jamais j’aurais imaginé rire autant! » Quand ça arrive, je pense avoir accompli quelque chose d’important."
À écouter si vous aimez
Joshua Radin, Cary Brothers, Dumas