Phantogram : Pop spectral
Le duo Phantogram cultive son Gainsbourg et fait fi des modes exutoires. Place à la fusion méditative des genres.
Josh Carter (voix, guitare) et Sarah Barthel (voix, claviers) travaillent conjointement comme deux frères siamois qui se connaissent depuis toujours. Leur première rencontre remonte à loin, à Saratoga Springs dans l’État de New York alors qu’ils étaient tous deux au high school. Il n’a suffi à Carter que de quitter Manhattan, il y a quatre ans, et de retourner au bercail pour retrouver cette ancienne connaissance et fonder le duo Phantogram.
"Je venais de sortir des études et de quitter un groupe avec qui je faisais de la musique à New York", se rappelle Josh Carter, le maître à penser du tandem. "Quand j’ai retrouvé Sarah, nous avons refait connaissance et j’ai constaté que nous partagions les mêmes passions. J’avais déjà enregistré quelques maquettes, seulement quelques pièces se retrouvent aujourd’hui sur notre premier album, Eyelid Movies. J’avais un problème, car ma voix ne correspondait pas nécessairement à toutes ces pièces. Celle de Sarah était parfaite, et elle est à l’aise avec les claviers. Au fur et à mesure, notre répertoire s’est échafaudé. Tout s’est fait naturellement et j’ai construit un studio maison pour enregistrer le tout adéquatement, avec un très petit budget… Il ne nous restait qu’à créer un duo et à monter sur scène."
La signature sonore de Phantogram est singulière. Tout est fait dans la subtilité et la facture pourrait rejoindre certains groupes trip hop si ce n’était de ces parenthèses organiques, au croisement du rock, de l’électro et du shoegaze. Le tout est très visuel et semble faire la narration d’une succession de tableaux. "C’est vrai, mais on ne pensait pas à ça. On voulait tout simplement expérimenter et développer une esthétique qui nous corresponde et qui touche à beaucoup de styles. J’ai toujours aimé les rythmes funky et la musique hip-hop. Mais, quand j’ai découvert la musique française et Gainsbourg, j’ai eu un choc. J’adore la façon dont certains de ces artistes utilisent des lignes rythmiques funky un peu bizarres, en plaçant par la suite la voix et la mélodie au sommet. Vraiment, Gainsbourg a eu de l’influence sur mon travail au sein de Phantogram."
Le nom du duo est lui-même très évocateur de la voie artistique qu’ont empruntée ces deux musiciens. Un terme qui pourrait signifier l’écho d’un message d’outre-tombe. "On voyait cette musique comme quelque chose d’intemporel et qui pourrait venir d’un autre monde. J’ai pensé au mot phantom et j’aimais bien l’idée d’un télégramme. Nous avons juxtaposé les deux et nous avons adoré la symbolique."
Reste à voir maintenant comment ce répertoire spectral prendra forme sur scène. En compagnie du batteur Tim Oakley, le duo nous promet une performance tout de même dynamique. "À deux sur la scène, ça devient un peu risqué de vouloir se laisser aller. Disons que les repères sont importants pour nous. Je gère les samplings, le drum machine… Je me retrouve à la guitare, Sarah aux synthétiseurs et nous chantons tous les deux. Ça devient compliqué de penser à tout. Avec Tim, on a plus d’espace pour offrir quelques ouvertures aux compositions."
À écouter si vous aimez /
Chairlift, The Do, Stereolab