Damien Robitaille : L’homme derrière la moustache
Ne vous laissez pas berner par la moustache. Damien Robitaille a le coeur tendre. Il n’use d’humour que pour mieux séduire.
Novembre 2010 fut un mois étrange. Du voisin de bureau jusqu’à Mario Dumont, les hommes se sont laissé pousser la moustache pour une bonne cause, mais pour ceux qui portent le pinch à longueur d’année, la blague avait assez duré. Parlez-en à Damien Robitaille, un gars qui sait dompter sa pilosité faciale. "Ce n’était pas insultant, mais je les trouvais amateurs. (Rires) Les hommes devraient être fiers d’avoir une moustache, mais ça prend la bonne coupe. Il faut bien choisir la moustache selon ce que Dieu nous a donné. Moi, c’est le style Tom Selleck."
En plus d’avoir une virile prestance, l’auteur-compositeur est occupé comme jamais il ne l’avait été; son horaire ressemble à celui d’un premier ministre. Joint au téléphone alors qu’il est en route pour un concert au sud de l’Ontario, sa province natale, le chanteur rationalise le beau problème. "Il y a plein de facteurs. C’est l’effet boule de neige. Ça fait longtemps qu’on travaille sur ce projet. Le deuxième album, Homme autonome, est sorti il y a un an. On a fait beaucoup de shows. Les gens m’ont vu dans les médias, mais j’aime penser que c’est aussi le bouche à oreille, que le public aime le spectacle et puis que ça se parle."
Des trophées ont confirmé l’effet boeuf des concerts de l’artiste. L’été dernier, c’était le prix Félix-Leclerc, et cet automne, l’ADISQ lui a remis le Félix du scripteur de l’année, distinction qu’il partage avec Pierre-Yves Bernard. "On a monté un bon spectacle, lance fièrement Damien Robitaille. Ce que je trouve drôle, c’est que j’improvise beaucoup entre mes chansons, mais on part toujours d’une base. Disons que j’ai mis moins de temps sur le script que sur tout le reste, mais on va le prendre, ce Félix-là! C’était l’fun de gagner ça avec Pierre-Yves; ce fut une belle rencontre."
Grâce à ce solide canevas, le show de la tournée Homme autonome évolue à une vitesse folle. "Mais ça se fait sans qu’on s’en aperçoive, tempère Damien. Si j’écoutais le show d’il y a un an, aye, aye, aye… C’est comme quand je regarde une photo de moi de l’an dernier. Tabarouette qu’on vieillit! Aujourd’hui, j’ai plus de cheveux gris."
Un homme honnête
Sur les photos du livret qui accompagne le disque Homme autonome, on peut voir Damien Robitaille habillé de son plus bel habit monochrome qui, telle une playmate, se prélasse sur une peau d’ours polaire. Le tout est on ne peut plus kitsch. Drôle? Très.
Cet emballage rococo, est-ce que certains le prennent au premier degré? "(Rires) J’espère que non, car ils ne vont pas aimer; ils vont avoir peur. Par contre, il y en a certains qui ne voient que le côté humoristique. Pourtant, derrière chaque chanson, il y a de la vérité. Je n’aime pas faire de l’humour pour faire de l’humour. C’est toujours honnête."
Mais pour Damien Robitaille, le jeu en vaut la chandelle, car lorsqu’il s’improvise "l’homme de ces dames", le public s’amuse à être une foule en délire. "Tout le monde devient un peu comédien." Les gestes d’amour sont alors fréquents. "Souvent, les gens vont faire des petits signes de coeur avec leurs mains. J’ai eu droit à des sous-vêtements sur la scène, mais il n’y a pas que les femmes qui font des affaires. J’ai reçu des cartes d’enfants. Des parents me disent qu’ils écoutent ma musique en famille. C’est touchant de voir que mes chansons peuvent avoir un effet sur tout le monde."
Un homme de changements
Après L’homme qui me ressemble, un premier album de ritournelles country folk, Damien Robitaille a puisé son inspiration chez les Beach Boys, Frank Sinatra et dans le large spectre des "musiques noires" (soul, R&B, reggae…) pour Homme autonome, même si l’influence des Félix Leclerc et Harmonium se fait parfois entendre dans le détour. "J’ai passé à travers ma phase de musique québécoise, mais c’est ancré en moi."
Vers quoi pointe le troisième album? "Il y a encore quelques mois de tournée à faire, mais j’y pense de plus en plus. C’est sûr que moi, j’aime ça, le changement. Je ne pourrai pas rester dans le même style. Les artistes qui m’inspirent pour la démarche, ce sont les Beatles, Gainsbourg, Bowie… Chaque album est une occasion d’essayer des choses nouvelles. Dernièrement, je me promène beaucoup dans les musiques du monde. C’est plein de belles idées."
À écouter si vous aimez /
Les crooners, l’amour vrai, les moustaches viriles