Géraldine : La merveille masquée
Musique

Géraldine : La merveille masquée

On l’appelle Géraldine parce qu’elle a une drôle de mine.

Cagoulée, en fait, la mine. Un choix esthétique accidentel, comme presque tout ce qui compose ce projet lancé à la blague, il y a cinq ans, alors que l’ex-étudiante en animation et recherche culturelle Géraldine Bureau partageait un appartement avec Jean-Philippe Fréchette, alias Navet Confit.

"Environ un an et demi après qu’on ait mis notre première chanson, Lance le sapin à Géraldine, sur MySpace, on s’est fait inviter à donner un concert au Quai des Brumes [à Montréal]", raconte Bureau, entre deux rires contagieux. "J’étais extrêmement gênée. Mon chum de l’époque m’a suggéré à la blague de mettre une cagoule, ce que j’ai fait. Finalement, ça me convenait, parce que j’ai l’air trop gentille et que j’ai une voix de bébé. La cagoule me permet de donner un autre ton à ce que je fais. J’aime les contrastes, j’aime entretenir le mystère", explique-t-elle. Personnage? "C’est une extrapolation de moi, issue de ma crise de la mi-vingtaine. C’est une Géraldine charriée, paradoxale, à la fois enfantine, mais fâchée, aussi."

De nouvelles chansons en concerts de plus en plus gros (son second était au National à Montréal, dans le cadre d’un événement étudiant, et le troisième, à Pop Montréal), la blague est devenue un peu plus sérieuse. "Au fil du temps, on a commencé à préciser un peu notre recherche, à cerner ce qu’on voulait vraiment faire", souligne celle qu’on compare parfois aux Georges Leningrad, à cause de son goût pour l’absurde (voir la pièce L’amour, c’est comme le post-rock) et la défonce (voir I’m Singing in English).

La pièce finale du puzzle est arrivée sous la forme d’une bourse du Conseil des arts et lettres pour compléter Sold-out capitalisme, premier album composé d’enregistrements accumulés au fil des années, mais retouchés et peaufinés. Un disque étonnamment agréable et accessible, compte tenu des foutoirs que sont souvent les concerts de la demoiselle (toujours accompagnée de l’homme-légume et d’un groupe sans cesse rebaptisé).

"On se défoule, on s’amuse, mais après on fait du ménage", signale Géraldine, elle aussi agréablement surprise par son propre album. "Je pense que c’est ce qu’on cherchait, instinctivement, Navet et moi. C’est éclectique, c’est ambigu, mais ça va plus loin. Ça pose des questions. C’est malaisant et c’est tiraillant, mais en même temps, c’est catchy. J’aime susciter le doute, mais il faut que ça soit catchy."

Géraldine
Sold-out capitalisme
(Indépendant)

À écouter si vous aimez /
Sonic Youth, Lydia Lunch, Deerhoof