Vincent Vallières : Travailleur autonome
Musique

Vincent Vallières : Travailleur autonome

Vincent Vallières fait son bonhomme de chemin dans le milieu de la musique depuis un bout de temps et ne tient rien pour acquis. Il cultive sa place au soleil avec délicatesse.

Avec un nouvel itinéraire de tournée en poche pour clore l’année 2010 en beauté, Vincent Vallières se paie un passage bien mérité au Saguenay afin de défendre sur scène les chansons extraites de son album Le monde tourne fort. On imagine facilement l’artiste "connecter" avec les gens de tous ces patelins qu’il croise sur la route. C’est un peu ce qui s’illustre dans les paroles de ses chansons, le vrai monde comme on dit. Nul doute que l’auteur doit prendre des notes durant ses voyages.

Le sympathique troubadour ne dément pas ce constat et corrobore l’image que l’on se fait de sa personnalité d’artiste. "Ce qui est agréable, c’est quand ça fait la troisième ou la quatrième fois que tu te rends dans une région, indique-t-il. Tu reconnais le staff, on se serre la main et tu t’informes des nouveautés dans le coin ou encore des fermetures d’usines. C’est un rapport direct. C’est ce qu’un touriste n’aura pas la chance d’avoir comme contact. C’est devenu une coutume, peu importe la région ou le village, il y a toujours un moment où l’on se retrouve dans un bar du coin après le spectacle pour jaser avec les gens autour d’une bière. Pour moi, ça fait partie du bonheur de faire ce métier-là."

Vallières est certainement devenu avec le temps l’archétype du folksinger américain au Québec. Sa dernière réalisation discographique avec Olivier Langevin à la réalisation nous le prouve et sa maturité ne fait qu’accroître ce sentiment. "Au début de la vingtaine, je n’avais pas le même bagage et mes connaissances musicales étaient beaucoup plus limitées. Le mélomane en moi se contentait de la chanson québécoise, des Beatles et des Stones. C’est avec Éric Goulet que tout a débloqué. Je me rappelle qu’après avoir fini Bordel ambiant, j’avais 21 ans, [le bassiste, Michel-Olivier] Gasse et moi, on était plongés dans le folk américain, Dylan et tous les autres. L’album était sorti depuis quelques jours et déjà j’étais en train d’écrire de nouvelles chansons pour ce qui allait devenir Chacun dans son espace. C’est avec des chansons comme Manu et Juliette que j’ai senti que mon travail commençait vraiment à m’appartenir."

Cet artisan de la chanson a su reconnaître ses forces et ses faiblesses avec le temps. En saisissant l’importance d’avoir un mentor, Vallières a aussi constaté que son talent était d’offrir une matière brute valable, tant en musique qu’avec ses textes. Ne reste plus à l’auteur-compositeur qu’à bien s’entourer afin de peaufiner le tout, en restant honnête. Une dynamique qu’il a bien assimilée et qui lui réussit, même si les trophées lui ont échappé lors du dernier Gala de l’ADISQ.

"Ma liberté d’action et ma liberté de parole, on ne pourra jamais me les enlever. C’est les coudées franches avec ma compagnie de disques. Les artistes que j’aime, ce sont les Bernard Adamus et les Fred Fortin de ce monde. Ils méritent leur place au soleil. J’ai juste l’impression que la définition d’avoir sa place au soleil est différente d’une personne à l’autre. Je suis en paix avec tout ça [les résultats de l’ADISQ], mais je constate toutefois que c’est un milieu qui est en crise."

À écouter si vous aimez /
Fred Fortin, Neil Young, Martin Léon