Patrick Bélanger / Pat Électrik : Aux frontières du réel

Avec son costume moulant aux couleurs flamboyantes et ses déhanchements sexy, Pat Électrik fait craquer les femmes… dans ses rêves. Peu au courant de cette dernière variable, ce personnage – un modèle de virilité digne des années 1980 – fabriqué de toutes pièces par l’ex-Trifluvien Patrick Bélanger défend avec aplomb ses idées machos et ses compositions qui sentent le sexe et la testostérone. "Quand tu le vois en spectacle, tout ça prend son sens. Ceux qui me connaissent aiment ça tout de suite alors que ceux qui ne me connaissent pas se disent: "Il se prend vraiment pour quelqu’un d’autre!" C’est ça, le but, mais c’est une joke!" clame celui qui a été scripteur pour Messmer et plusieurs humoristes. "Je me moque des histoires que je raconte."

Malgré tout, celui qui a un passé de comédien doit souvent freiner ses ardeurs. "Avec l’expérience, je me rends compte qu’il y a beaucoup de personnes qui prennent tout ce que tu dis sur une scène pour du cash. D’après moi, si je lançais "Je suis en train de préparer un attentat contre le président", il y en a qui se diraient: "Bon, je vais appeler la police." Et ce, même si j’ai un suit orange!" s’esclaffe-t-il. "Ça me fait rire à quel point il faut faire attention, bien qu’on soit en 2010. Du moins, moi, je fais de plus en plus attention, parce que je vois que certains individus ne font pas encore la différence entre la fiction et la réalité. Des fois, il y a pourtant des évidences… En tout cas, ça prouve que tu joues bien."

Si elles trouvent leur origine dans la vraie vie, les pièces interprétées par Pat Électrik sont en effet surtout brodées à partir de fils imaginaires. "Souvent, je pars d’anecdotes que j’ai vécues ou que quelqu’un m’a racontées. Après, je fly, j’exagère, j’invente. Mais quand l’histoire est trop flyée, on dirait que les gens pensent que ça t’est vraiment arrivé!"

AVEC LE TEMPS…

Curieusement, c’est un an et demi après avoir lancé Drame de moeurs, un premier disque éclectique mêlant pièces rigolotes et chansons douces, que l’alter ego de Patrick Bélanger se décide à prendre le chemin des planches. Pourquoi? "Sur le coup, j’ai fait deux shows. J’ai adoré ça. Puis, j’ai travaillé sur d’autres projets et je n’avais plus de temps à consacrer à Pat Électrik. Dans le fond, ce projet-là n’est pas payant, finit-il par dire. C’est un autre monde que l’humour. Il y a moins de plateformes. On dirait qu’en musique, il faut que tu payes pour faire des shows au lieu d’être payé pour en faire! [Rires.] Tu as toujours des dépenses…. Quand j’ai sorti l’album, j’avais trois danseuses, cinq musiciens. C’était la grosse patente! J’aspire à ça. Mais je me suis rivé le nez contre une porte quand j’ai voulu faire ce show-là. J’avais de la misère à le "booker"… Mon expérience en musique, c’est avec Les Divans bruns, un band de covers. C’est un autre monde, un autre réseau. Ce sont de grands succès, donc tu n’as pas besoin de vendre ta salade. Tandis que là, même pour me "booker" dans un bar, il faut que je fasse écouter le disque, que le propriétaire trouve que le style "fitte" avec son établissement… C’est bien compliqué. Probablement que sur le coup, j’ai vu ça comme une montagne et que j’ai mis ça de côté. Mais à un moment donné, j’ai eu d’autres idées de chansons…"

De nouvelles compositions qui sonnent un peu plus rock, puisque Bélanger les a écrites spécialement pour la scène. Par contre, elles auront un tout autre habillage lorsqu’il viendra les chanter à Trois-Rivières. "Au Zénob, je vais faire mes chansons au piano. Ça va être Pat Acoustique au lieu de Pat Électrik!"

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