Mononc' Serge / Anonymus : À reculons
Musique

Mononc’ Serge / Anonymus : À reculons

Peu friand des Fêtes, Mononc’ Serge se lance dans le dernier grand droit de sa tournée Musique barbare avec Anonymus plutôt que de courir les partys de famille.

Ne cherchez pas Mononc’ Serge dans les centres commerciaux ni dans les réunions de famille, vous ne le trouverez pas. Au diapason de sa chanson Noël est un jour comme les autres, écrite il y a cinq ou six ans, celui qui passe la période des Fêtes sur une scène entretient un rapport plutôt mitigé avec l’anniversaire du petit Jésus. "Je ne suis pas très friand des fêtes de Noël. Acheter des cadeaux et tout ça, c’est plus un fardeau qu’autre chose (rires). Je pense que beaucoup de gens sont dans cette situation-là. On se sent tous un peu obligés de se plier au rituel."

Les messes de minuit poches, les réveillons ennuyants, les sourires obligés… Si on se fie aux propos véhiculés dans cette pièce, Noël est la pire des tortures. "Il y a toujours une marge entre ce que j’exprime dans mes chansons et ce que je pense réellement. Si on me demandait de façon posée mes opinions, ce serait d’un ennui mortel. Je ne pense pas avoir des opinions particulièrement originales ou virulentes. Les chansons sont un peu comme la récréation de la vie. Tsé, on vit de façon rangée. On est polis, bien élevés. On fait attention aux autres. Quand je fais une chanson, c’est le zoo! Je n’ai pas envie de faire attention à ce que les autres vont penser. C’est un défoulement."

Plus qu’un défoulement contre le "vieux barbu rouge tomate", Noël est un jour comme les autres souligne au crayon gras certaines injustices. Pendant qu’ici, on s’empiffre de dinde et d’atocas, qu’on déballe des tonnes de cadeaux qui se retrouveront dans le bac vert, des populations meurent de faim ou du sida en Afrique. "On sait que ça existe, mais on balaye ça en dessous du tapis. S’il fallait penser, à toutes les fois qu’on achète quelque chose chez Dollarama, au système d’exploitation mondial qui fait en sorte que les richesses sont drainées vers nos pays… Quand on s’arrête pour y penser, on se dit que ça n’a pas d’allure, mais le lendemain, on recommence à faire la même chose."

Musique barbare

Bien qu’elle s’y prête à merveille en ce moment, cette pièce anti-Noël ne figure pas au menu de Musique barbare, tournée qui se terminera le 31 décembre à Nicolet. Mononc’ Serge rappelle que lui et le groupe métal Anonymus pigent surtout dans les deux disques qu’ils ont enregistrés ensemble (L’académie du massacre, Musique barbare). À cela, ils ajoutent des compositions issues de leurs répertoires respectifs et quelques nouveautés, dont L’homme qui faisait reculer la musique, offerte gratuitement sur le site Web de Mononc’ Serge. "Cette toune m’a été inspirée par Biz de Loco Locass, se souvient le musicien. Il parlait d’André Fortin à la radio. Il disait que son suicide pouvait être étonnant vu que c’était un gars qui avait du succès dans sa carrière et auprès des filles; que c’était un gars qui faisait avancer la musique. Moi, je me suis arrêté au fait qu’il faisait "avancer la musique". Je trouvais ça curieux de considérer la musique comme quelque chose qui pouvait avancer. Donc, le cas échéant, c’est quelque chose qui pourrait aussi reculer. Alors, je me suis dit que si André Fortin faisait avancer la musique, moi, certainement, je dois la faire reculer!"

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