Revue 2010 / Bilan et meilleurs moments musicaux : Big Brother
Musique

Revue 2010 / Bilan et meilleurs moments musicaux : Big Brother

Quelques grands noms de la musique ont contribué à faire sauter la banque et d’autres à enrichir la diffusion culturelle à Québec en 2010. Bilan et meilleurs moments.

En attendant son nouvel amphithéâtre, Québec vit au son des festivals. En 2010, le Festival d’été aura réussi à intégrer définitivement une structure commerciale, son bracelet à puce agissant comme pivot. Une nouveauté que le public a acceptée sans rechigner (ou presque…) et qui détermine maintenant le leitmotiv artistique de l’événement: think big, mais n’attendez quand même pas U2. Pour le Festival de jazz de Québec, les légendes furent au rendez-vous (Ron Carter et Charles Lloyd) et la synergie entre ses divers lieux de diffusion s’installe. Québec tire encore son épingle du jeu avec le Palais Montcalm, le Capitole et le Grand Théâtre. Ne reste plus qu’à statuer sur le sort de l’Agora…

1. KURT ELLING

On savait Kurt Elling un véritable pro, mais de là à nous jeter par terre à ce point… Le chanteur de Chicago est venu à Québec dans le cadre du Festival de jazz de Québec au mois d’octobre, en compagnie de son brillant confrère et arrangeur, le pianiste Laurence Hobgood. Dans l’enceinte du Palais Montcalm, on a eu droit à la science de ce magicien des cordes vocales. Sa plume fait parfois le récit d’amourettes banales (l’interprète est aussi lyricist), mais on lui pardonne. Sa technique vocale l’emporte sur tout et sa lecture incarnée de Pull My Daisy de l’auteur Jack Kerouac fut un moment musico-narratif inoubliable. Ajoutez à cela une faculté rare pour saisir le cadre harmonique d’une composition, et vous avez devant vous un phénomène.

2. THEM CROOKED VULTURES

Faire une entrevue avec un musicien de Led Zeppelin, c’est passionnant, mais pouvoir ensuite entendre le bassiste John Paul Jones en compagnie de Josh Homme (voix et guitare, Queens of the Stone Age) et Dave Grohl (batterie, Foo Fighters), c’est percutant. Prévu au départ au pavillon de la Jeunesse, le concert du trio Them Crooked Vultures fut déplacé au Capitole. Un dénouement inespéré qui nous a offert des conditions acoustiques idéales et une salle comble. Grohl fut gigantesque, Homme était en voix et Jones fut un redoutable chef d’orchestre. Un power trio unique.

3. ARCADE FIRE

Depuis l’album Funeral, on rêvait de ce moment. Peu importe l’issue de ce concert, on aurait trouvé le moyen d’en garder un bon souvenir. C’était la première fois qu’Arcade Fire posait ses pénates à Québec – au Festival d’été, sur les Plaines – après plus de huit années d’existence. Ce spectacle tombait à pic, tout juste avant la sortie de The Suburbs, un troisième album convaincant. Régine Chassagne a pu plaider la cause d’Haïti à sa guise (sans lunettes noires et sans marmonner des airs de Starmania), et Win Butler a mené sa troupe avec coeur.

4. RAMMSTEIN

Encore le FEQ, qu’est-ce qui ne va pas chez nous? Impossible de passer sous silence ce concert sur les Plaines. Le perfectionnisme du groupe Rammstein et son concept scénique valaient le détour. Avoir eu droit à cette production dans un contexte extérieur fut exceptionnel (et sans doute très coûteux pour le Festival). Un délire pyrotechnique unique que le chanteur Till Lindemann a dominé avec une théâtralité irrévérencieuse. Pour sa part, le claviériste du sextuor, Christian Lorenz, nous a soufflés en prenant d’assaut la foule à l’aide d’un pneumatique, surfant sans gêne sur une marée humaine. Une soirée de démesure.

5. ARTHUR H

Et voilà, le petit dernier mais non le moindre: Arthur H. Il est passé au Théâtre Petit Champlain sans tambour ni trompette, seulement avec son piano et un drôle de bidule lumineux en guise de décor. L’univers de H est unique; c’est un conteur dont les histoires sont agrémentées de personnages parfois loufoques et marginaux. L’histoire des amazones blondes de la Norvège qui se font draguer par des nains basanés tumultueux reste encore gravée dans notre mémoire.