Emma-Lee : Prendre le contrôle
Emma-Lee distille les émotions de ses histoires d’amour, qu’elle chante ensuite avec majesté.
Dis-moi où tu habites et je te dirai qui tu es? Toronto a droit à une journée grise, avec une petite neige qui tombe tout doucement, et au bout du fil, la chanteuse Emma-Lee se dit en symbiose avec la Ville Reine. Voyons ça comme un point de départ afin d’en savoir plus sur cette jeune artiste canadienne qui sait déployer sa voix tel un doux velours sur des chansons brise-coeur.
"À Toronto, il y a une véritable communauté qui encourage les musiciens, révèle-t-elle. J’habite au coeur du centre-ville. Il y a plein d’occasions de tomber sur de super concerts. Je pense que je suis dans la bonne ville." Emma-Lee n’en pense pas moins quant à son pays. "Je trouve que les musiciens canadiens sont très chanceux. Je sais que plusieurs dénoncent les compressions, mais il existe différents programmes qui sont d’une grande aide pour l’enregistrement, la tournée, le marketing… Je ne pourrais pas faire ce métier sans ça. De plus, ça permet de faire des albums qui ont un impact hors de nos frontières. Quand je parle à des artistes qui font une carrière équivalente à la mienne aux États-Unis, ils ont de la difficulté à croire à quel point notre contexte est favorable."
Mais ici comme ailleurs, il faut faire sa chance. Emma-Lee, qui a pris sa carrière en main, en sait quelque chose. "J’étais sur un label indépendant pour l’album Never Just a Dream [sorti originalement en 2008 et acclamé depuis par moult critiques], mais nos chemins se sont séparés pour le prochain. J’ai maintenant ma propre maison de disques." Voilà peut-être un bon scénario pour la suite considérant que le style d’Emma-Lee est très éclectique; impossible de la mettre dans une case. "J’ai grandi dans une maison où mes parents faisaient jouer tous les genres de musique. Jazz, reggae, rock, pop, folk… tout ça est en moi. C’est difficile de me limiter, car il est agréable de mélanger les styles." Tout de même, un effort est à prévoir afin que le second opus ait une certaine visée. "J’ai tellement écrit au cours de la dernière année que je suis mûre pour le suivant, qui misera un peu plus sur la pop, le rock, avec un peu de country, de folk. Ce sera moins jazzy, tout en restant catchy et mélodique." L’entrée en studio est prévue pour février, et Emma-Lee souhaite un lancement à l’été. Ne manque que l’approbation de son nouveau label…
POST-AMOUR
Dis-moi ton nom de famille et je te dirai qui tu es? Là-dessus, Emma-Lee laisse planer le mystère. "Je ne le dis à personne. (Rires) C’est comme pour Cher ou Madonna." N’insistons pas…
Pourtant, la chanteuse en dévoile beaucoup sur sa vie (amoureuse au premier rang) dans les paroles de ses chansons, qu’elle interprète avec dévotion. "Ce sont des post-love songs. Quand tu vis une histoire de coeur, tu es trop occupée pour écrire de bonnes chansons. L’inspiration vient souvent avec la tristesse et les mauvaises nouvelles. Cet album contient plusieurs chansons écrites après une importante rupture."
"En tant qu’auteure-compositrice, c’est important d’écrire rapidement après les événements, lorsque les émotions sont là, insiste-t-elle. Ça devient comme une photo d’une journée de sa vie. Si on laisse trop de temps passer, on peut perdre l’authenticité du moment."
L’évocation de la photographie n’a rien de naïf, car Emma-Lee sait manier l’appareil. En fait, il s’agit de son second métier. D’ailleurs, c’est elle qui prend ses propres photos de presse. "J’ai débuté en me photographiant, car c’était plus simple pour expérimenter différentes choses. J’ai alors pris plaisir à interpréter différents personnages. Je contrôle donc mon image, ce qui est devenu important dans l’industrie de la musique."
Au Théâtre Centennial, une fois entourée de ses musiciens, Emma-Lee délaissera ses personnages. "Sur scène, je parle au public comme si je prenais un café avec lui. Ce sera très upbeat, avec plusieurs nouvelles chansons… et quelques moments plus dramatiques."
À écouter si vous aimez /
Jill Barber, Amy Winehouse, Patsy Cline