Tokyo Police Club : Grand champion
Le quatuor indie-rock de Newmarket Tokyo Police Club peut se vanter de connaître la clé de la longévité: avoir du plaisir.
2006. Comme chaque année depuis des décennies, la scène musicale indie se voit envahie par nombre de bands aux premières offrandes pleines de promesses, mais dont la carrière s’est révélée on ne peut plus épisodique. Constat: de la cohorte de 2006, parmi laquelle on comptait les Jon-Rae and the River et Sunset Rubdown, il ne reste plus de grands joueurs.
Cette même année, quatre ados blasés et banlieusards de Newmarket, Ontario, au charme naïf et aux chansons explosives, proposaient A Lesson in Crime, un valeureux premier EP enregistré alors que les gars terminaient leurs études secondaires. Un mini-album au succès international qui mit la table pour ce qui allait suivre, deux ans plus tard: un premier opus complet, Elephant Shell. Si ces deux parutions furent prisées tant par la critique que dans la blogosphère, désormais détentrice d’une voix de plus en plus puissante, il est clair qu’il devenait primordial pour Tokyo Police Club de battre le fer alors qu’il s’avérait toujours incandescent. Puisque 365 jours, dans l’ère iTunes, c’est fichtrement long. Entre en jeu, en juin dernier, Champ, un deuxième album pas mal bien foutu et regorgeant de mélodies accrocheuses qui feraient le bonheur des publicistes en manque de chansons indie-cool à ploguer dans leurs pubs de Volkswagen ou de Rogers. "Pour l’enregistrement de Champ, on ne s’est pas imposé quoi que ce soit. Pression ou pas", précise d’emblée Graham Norton, claviériste et membre délégué aux entrevues. Il est le plus loquace de la bande, paraît-il. "L’enregistrement s’est fait de façon plus décontract que pour Elephant Shell. Avoir un peu plus d’argent dans nos poches a sûrement dû aider. Ce qu’on avait en tête, c’est d’avoir du fun."
Guys just wanna have fun
Plaisir. Une notion profusément importante qui a toujours agi comme pilier pour les quatre musiciens qui se sont connus dans la cour d’école primaire. "On tente à tout prix de ne pas se prendre au sérieux. La création elle-même l’est, l’art et la musique le sont déjà assez, s’il fallait qu’on se prenne pour d’autres, on ne durerait pas dans l’industrie. Et c’est ce que l’on souhaite", mentionne Norton, qui prend comme exemple le concours en ligne que TPC a lancé l’été dernier en amont de la parution de Champ, qui invitait les internautes fans à leur lancer moult défis loufoques, question de trouver le seul et unique champ des champs. "Désormais, avec le peu de soutien qu’une compagnie de disques peut offrir, on se doit de penser, presque quotidiennement, à des moyens pour diffuser notre musique. Cela dit, on ne veut pas devenir des sellouts. C’est une question d’équilibre, je crois", dixit le claviériste de 23 ans.
Les copains d’abord
À l’aube de l’âge adulte, il arrive que les copains du high school prennent des chemins différents, développent des affinités qui les sépareront, inévitablement, les uns des autres. S’il est vrai que jouer dans un band doit forcément resserrer les liens, reste qu’une certaine harmonie doit régner entre chacun de ses membres pour faire perdurer ces liens. "On aurait pu facilement se séparer pour des conneries. S’engueuler, on l’a fait. Mais on sait aussi qu’on est honnêtes l’un envers l’autre. Ça a toujours été notre planche de salut."
Ce qui aurait pu se vérifier si Champ n’avait pas joui instantanément d’un excellent accueil de la part des fans et de la presse spécialisée. Ce qui ne fut pas le cas, fort heureusement. Toutefois, la question se pose diligemment. "Si les critiques nous avaient massacrés et si le public n’avait pas suivi, il aurait fallu aller rapidement sur la route, exprimer au public nos intentions, et faire découvrir ce qui avait été perçu, de prime abord, de façon négative. C’est pas rare qu’on se dise en spectacle "Man, on a écrit une méchante bonne toune!", même si c’est une chanson vieille de deux ans. J’espère qu’on va continuer à être capables de s’émerveiller de ça, dans 10 ou 15 ans", conclut Norton.
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