Braids : Tressés serrés
Musique

Braids : Tressés serrés

Entendez-vous la rumeur? Braids, qui lançait son premier album cette semaine, serait le prochain groupe de Montréal à capter l’attention des mélomanes férus de musique indé aventureuse.

Lors du dernier CMJ Music Marathon à New York, les membres de Braids – aussi aperçus en première partie de Land of Talk au Cabaret du Mile End en novembre dernier ainsi qu’au M pour Montréal – ont retenu l’attention des professionnels, récoltant même au passage une accolade du prestigieux New York Times, qui a élu le groupe au rang des découvertes de 2010. Un premier album paraît enfin, après pas mal de temps passé en studio: "Ça nous a pris neuf mois à l’enregistrer, c’est énorme! Ça a été ardu et très exigeant, on n’avait jamais fait ça auparavant, explique Taylor Smith (guitare, basse, voix). Mais c’était important pour nous de rester indépendants, de garder le contrôle. Au début on était un peu naïfs, on pensait régler cette étape en deux mois… On a appris beaucoup de choses durant le processus, des connaissances techniques en lien avec le travail en studio, bien sûr, mais aussi comment le groupe fonctionne en dehors des spectacles."

Amis depuis le secondaire, les musiciens de Braids ont déménagé ensemble de Calgary jusqu’à Montréal en 2008. Ça donne une idée de l’importance du lien qui les unit. "On est vraiment connectés. Aucun d’entre nous n’agit comme meneur du groupe; la création des chansons se fait de façon collective. Ce qui nous relie, comme individus, c’est le fait qu’on partage un langage commun: la musique qu’on crée. C’est ce que suggère le titre de l’album, Native Speaker. À travers la musique, on arrive à se comprendre et cela nous touche profondément."

La connexion est intense. "Notre musique découle d’une grande histoire d’amitié, qui d’ailleurs passe avant la musique. On fait tous preuve d’un engagement total envers le groupe, et c’est ce qui nous permet d’être connecté aussi fort, musicalement. Sinon, je ne vois pas comment on arriverait à créer une musique aussi… entrelacée", raconte Taylor Smith dans un très bon français. Enveloppante et spacieuse, marquée au fer rouge par l’approche à la fois pop et exploratoire d’Animal Collective, la musique de Braids joue sur la répétition de motifs qui deviennent de plus en plus obsédants, et sur la création de textures sonores. Elle demande à être apprivoisée, nécessite un peu de temps avant que l’immersion se produise. On y entend quelques échos shoegazeux, des touches d’électronique, les textes tourmentés et cathartiques de Raphaelle Standell-Preston, sa voix hypnotique, aussi rencontrée chez Blue Hawaii, dont elle fait partie. La musique de Braids entraîne une transe qui élève et engourdit. Elle a d’ailleurs permis au groupe de décrocher un contrat auprès des étiquettes Kanine (Grizzly Bear) pour le marché américain et Flemish Eye (Chad VanGaalen, entre autres) pour le canadien.

Une tournée en sol américain est au programme pour les prochains mois. "On est à la fois inquiets et excités devant ce qui s’en vient. On n’est pas très âgés (20 ans en moyenne), on a envie de voir du pays, de se promener… Pour ensuite rentrer à Montréal, car je crois bien qu’on est ici pour y rester."

Braids
Native Speaker
(Flemish Eye)

À écouter si vous aimez /
Animal Collective, Below The Sea, Blue Hawaii