Chromeo : Les arnaqueurs
Chromeo célèbre en ce début d’année une ascension lente mais de plus en plus impressionnante. Sortez vos pas de danse les plus fancy: les tombeurs en série sont de retour.
On pensait pouvoir joindre facilement les gars de Chromeo en ce début janvier. On s’était imaginé David Macklovitch et Patrick Gemayel bien peinards chez papa et maman, paressant sur le divan à Montréal en regardant la neige fondre à vue d’oeil, farniente bien mérité après un automne surbooké. Erreur, ils sont en Australie. "On vient de donner trois shows en 20 heures! dit Dave 1. Le 31 décembre sur une petite péninsule à deux heures de Melbourne. Le lendemain (donc le 1er), retour à Melbourne dans un hélicoptère à bord duquel Pat et moi avons bu une bouteille de champagne à huit heures du matin."
Le groupe a connu une jolie progression depuis que She’s in Control est apparu dans le paysage en 2004. Une année où la vague disco-punk sévissait avec le clan DFA, LCD Soundsystem en tête. En 2007, alors que Chromeo réalise Fancy Footwork, Justice et les poulains de l’étiquette Ed Banger avaient la cote. D’un album à l’autre, sans se réinventer, David et Patrick réussissent néanmoins à raffiner la formule. Business Casual est mieux construit et s’écoute comme un tout. Une chose délicate que d’évoluer à travers un son aussi circonscrit?
"C’est exactement ça, t’as mis le doigt dessus, mais je crois qu’on y arrive. La ballade en français, par exemple (J’ai claqué la porte), c’est pas du Chromeo typique. La finale quasiment cosmique de You Make It Rough et les morceaux avec des cordes ne sont pas dans la foulée des jalons posés sur Fancy Footwork. On a insufflé une petite touche de sophistication sur Business Casual sans perdre la candeur, l’humour et le côté dansant; c’est cette négociation-là qu’on a essayé de réussir", dit celui qui est aussi, dans une existence parallèle, professeur de français et doctorant en littérature.
Séduction et drague, problèmes avec des divas exigeantes, désir obnubilant, fascination pour la gent féminine (leurs jambes en particulier, qui servent par ailleurs de support aux synthés), ruptures sensibles, coeur blessé et coups de téléphone éplorés, c’est de ces eaux-là que les textes émergent chez Chromeo. Il y a aussi la recherche d’expressions justes et imagées qui sonnent bien et passent parfois même dans l’usage: "needy girl", "bonafied lovin", "momma’s boy"…
"Ça part toujours de phonèmes que j’aime me mettre en bouche. "J’ai claqué la porte" aussi, c’est amusant à dire et ça reste en tête." Business Casual – titre de l’album – est le code vestimentaire d’un restaurant new-yorkais "un peu chic et quétaine. Pour moi, ça évoque la classe décontracte des années 80, tu sais, le veston avec débardeur en dessous comme dans Miami Vice ou alors le pantalon blanc avec mocassins sans chaussettes parce qu’il fait chaud? Et puis Business Casual souligne aussi le contraste entre mon style et celui de Patrick… Si je résume vite fait: She’s in Control tournait autour de la femme, Fancy Footwork, de la danse, et avec Business Casual, Chromeo s’intéresse à la tenue". On a déjà hâte de connaître la prochaine étape.
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