Phillip Addis : Aimer à mort
Werther revient à l’Opéra de Montréal, mais c’est encore une première, le baryton Phillip Addis tenant le premier rôle, habituellement dévolu à un ténor.
À l’opéra, la convention veut que ce soit les ténors qui aient tout… À eux l’amour, les bons sentiments et les beaux airs, tandis que leurs collègues barytons ou basses sont méchants, perfides et, très souvent, voués à mourir dans d’atroces souffrances. L’opéra Werther, de Massenet (1892, d’après Les souffrances du jeune Werther, de Goethe), est d’un moule différent, car bien que le premier rôle soit tenu par un ténor, on sait que ça se terminera mal pour le pauvre Werther… Mais Massenet a eu une petite fantaisie, 10 ans après la première, en choisissant d’adapter le rôle pour une voix de baryton, et c’est cette version, rarement donnée, que nous offre ces jours-ci l’Opéra de Montréal.
C’est un Phillip Addis heureux qui se voit confier le rôle de Werther. Le Canadien a connu un grand succès l’année dernière dans le rôle de Pelléas (Pelléas et Mélisande, Debussy) à l’Opéra Comique de Paris, là même où fut créé Werther en 1892. "C’est Massenet qui a fait cette version pour Battistini, le roi des barytons à son époque. Il y a des enregistrements sur YouTube et c’est très intéressant! Mais nous faisons des choix dans notre version. Parfois, nous revenons à la ligne originale de ténor, parce que la mélodie est plus jolie, bien que le baryton puisse aller chercher des tons de subtilité dans la tristesse."
Phillip Addis le dit lui-même, il y a beaucoup de bonnes voix, partout, alors ce qui fait la différence, c’est la présence sur scène et la façon de livrer le texte. "Lorsque Michel Beaulac m’a approché pour ce rôle, je ne savais pas que cette version de Werther existait, alors j’y ai réfléchi, et c’est pour la profondeur du rôle que j’ai accepté." C’est la mezzo Michèle Lozier qui sera sa Charlotte, un rôle qu’elle a déjà tenu à l’Opéra de Sydney. Quand on débute dans un rôle, c’est intimidant de jouer avec quelqu’un qui le connaît bien? "Non, parce que c’est Michèle, elle est super fine!" C’est Jean-Marie Zeitouni qui sera devant les musiciens de l’OSM et les chanteurs évolueront dans les costumes des designers montréalaises Claudia et Sabrina Barilà.