Show du cadenas : Debout ensemble
Karkwa, Damien Robitaille, Bernard Adamus, Les Zapartistes et Gilles Vigneault joindront leurs voix à celles des journalistes lock-outés lors du deuxième Show du cadenas. Une prise de position délicate, vu les ramifications multiples de l’empire mené par PKP?
Le 24 janvier prochain, cela fera deux ans pile-poil que les employés du Journal de Montréal sont en lock-out. "Il y en a qui commencent à avoir le moral à terre après tout ce temps, confie Philippe Renault, journaliste à Rue Frontenac qui s’occupe avec des collègues de la programmation, de l’organisation et de la production du Show du cadenas 2. Quand un artiste que tu aimes endosse ta cause et monte sur scène pour te montrer son appui, ça fait du bien, sans oublier le public qui se déplace pour nous montrer qu’il est sensible à ce qu’on vit, ça aussi c’est réconfortant. Le spectacle permet de parler du conflit de façon positive, c’est une bonne chose."
L’an dernier, Richard Desjardins, Tricot Machine, Louise Forestier et Loco Locass, entre autres, avaient accepté l’invitation des journalistes lock-outés. Cette année, plusieurs autres se montreront solidaires à leur tour. Difficile de convaincre des artistes dont les albums sont distribués par une filiale de l’empire Quebecor (Select), vendus dans les succursales d’un magasin dont il est propriétaire (Archambault), et dont les tournées et spectacles sont couverts par son principal organe de presse, Le Journal de Montréal? "Pas tant que ça dans la mesure où j’invite des artistes dont je sais qu’ils n’ont pas peur de leurs idées. Je n’appellerais pas, par exemple, un finissant de Star Académie; il aurait la chienne et je comprendrais! On ne m’a jamais répondu: "Désolé, j’aime mieux ne pas trop m’en mêler." Quebecor est partout, difficile de tracer une ligne, de dire jusqu’où on boycotte. Mais là où les artistes peuvent dire non, c’est si un journaliste du Journal de Montréal les approche pour une entrevue."
Lors de la rétrospective 2010 d’Infoman, on a eu le plaisir de découvrir en générique d’ouverture un Damien Robitaille solidaire des Haïtiens, proposant, avec sa belle folie d’illuminé, sa vision chantée de l’actualité toute chaude. "Je ne me considère pas comme un artiste engagé, mais qui sait, c’est peut-être le début de quelque chose, dit-il. À travers la chanson pour Infoman, j’ai eu l’occasion de manifester mon appui aux Haïtiens; je ferai la même chose pour les lock-outés lundi prochain."
A-t-il hésité un tant soit peu, par crainte d’éventuelles représailles de la part de l’empire Quebecor, avant d’accepter l’invitation de Philippe Renault? "Non. Je ne vais pas là pour attaquer qui que ce soit, je m’en vais montrer mon appui à une cause à laquelle je suis sensible, soutenir moralement les lock-outés. Les journalistes font beaucoup pour les artistes; le moment est venu de leur rendre la monnaie de leur pièce."
L’an dernier, les artistes du Show du cadenas 1 ont joué à guichets fermés à La Tulipe. "Cette année, on s’installe dans trois fois plus gros, signale Philippe Renault. On verra si c’est sold out… En tout cas, il y a de la demande; la place ne sera pas vide."
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