Basia Bulat : Blanche comme neige
Basia Bulat aime l’authentique et trimbale son folk d’un océan à l’autre sans jouer la comédie. Discussion avec une artiste transparente.
L’auteure-compositrice-interprète torontoise Basia Bulat est habituée aux rudes hivers québécois. Elle est débarquée deux fois à Montréal, plongée dans le froid hivernal, pour enregistrer ses albums au studio Hotel2Tango. "C’est l’un de mes endroits préférés, surtout le studio en question, avoue-t-elle. Je crois que c’est l’esprit et l’atmosphère de ce lieu qui m’attirent autant. Tout fonctionne là-bas! Je suis inspirée et je n’en garde que de bons souvenirs, même de l’hiver!"
Une autre raison pour laquelle l’interprète folk a récidivé avec Montréal, c’est la présence d’Howard Bilerman (ex-Arcade Fire) dans les parages. Ayant quelques centaines de réalisations à son actif, Bilerman s’est retrouvé derrière la console d’enregistrement avec de nombreux groupes, dont Wolf Parade et Bell Orchestre.
"Avec Howard, nous sommes sur la même longueur d’onde. Dès nos premiers entretiens, j’ai constaté que nous partagions la même conception de ce qu’était un album idéal. Une session d’enregistrement sert à archiver de la musique. Ça doit être vrai. Je ne suis pas le genre d’artiste qui peut revêtir les vêtements de l’interprète professionnelle du studio. Ça ne marche pas avec moi. Je dois être moi-même et bien entourée pour jouer et chanter. Avec Howard, c’est parfois épeurant, on n’a presque pas besoin de se parler! Lorsque vient le temps de parfaire les arrangements, nous avons l’habitude d’utiliser des métaphores bizarres. Par exemple: "Le ukulélé devrait faire une balade dans cette section!" Des expressions ridicules, mais tout le monde se comprend."
Depuis plus de deux ans, avec la sortie de son premier disque Oh, My Darling et Heart of My Own en 2010, la musique de Bulat a voyagé un peu partout. L’interprète canadienne s’est même vu proposer deux offres de publicités pour les chansons Before I Knew (la compagnie Subaru) et Little Waltz (la compagnie Volkswagen). "La première fois, c’était une expérience. La publicité était pour l’Australie et nous voulions voir l’effet que la chanson aurait là-bas. Par chance, tout a bien fonctionné et j’ai pu faire une tournée en Australie. Pour la deuxième publicité… je dois te dire que j’ai senti un peu de pression. Je n’étais sûre de rien. Maintenant, je me rends compte que sans cette pub, je n’aurais pas pu me permettre la tournée que j’ai faite au début de 2010 en Europe. Disons que ça aide à payer correctement ton groupe!"
"C’est toujours un peu frustrant, renchérit-elle. Tu voudrais vivre de ta musique en vendant seulement des disques et en faisant des spectacles. Aujourd’hui, c’est impossible. Les gens n’achètent plus de disques! Tu ne peux pas t’imaginer le nombre de personnes qui m’abordent en me disant qu’elles ont téléchargé mon album et qu’elles ont adoré. Au moins, elles viennent au spectacle. Mais j’ai toujours un petit pincement au coeur lorsque j’entends le mot télécharger."
À écouter si vous aimez /
Joni Mitchell, Katie Moore, Judy Collins