Frères Goyette : Esprit de famille
Musique

Frères Goyette : Esprit de famille

La saga des Frères Goyette se poursuit avec Rencontre du troisième âge.

Richard Desjardins avec une cinquième année, depuis la taverne d’un village du Québec profond. C’est un peu l’image qui vient en tête lorsqu’on entend la formation Les Frères Goyette pour la première fois. Servie dans un mélange de country, de folk, de chanson et de rock, l’affaire est rustre, loufoque à fond, mais indéniablement poétique.

L’audio, sur le nouvel album du groupe (Rencontre du troisième âge, sous étiquette Grosse Boîte) comme sur ses prédécesseurs (Minimiser les dégâts, 2007 et Vos yeules! On chante, 2002), n’est toutefois qu’une partie de l’équation. Même s’ils ont été créés à des fins musicales, il y a une dizaine d’années, les personnages des Frères Goyette font aussi l’objet de courts-métrages (qu’on peut retrouver sur le site du groupe au www.lesfreresgoyette.com) et se déploient principalement sur scène, dans des célébrations humoristico-musico-menuisières ponctuées des monologues du leader Mario Goyette (Simon Laganière) et des bricolages de son frère, Sylvain (Laurent Laganière, seul vrai frangin de l’histoire), "l’ingénieur du son avec sa console au propane".

Sorte de faire-valoir farfelu, Sylvain accompagne sur scène Mario (chant, guitare), Bob-Robert (guitare), Birmance (guitare itou), Bédard (basse) et Michel (batterie) en construisant, à chaque concert, un objet incongru. "Il a déjà construit un petit bateau en carton avec un moteur de ponceuse à planchers et un revêtement en Phentex pour ne pas faire mal aux baleines; une pelle chauffante, une table vibromasseuse…" relate Simon Laganière, qui se dit d’accord avec la théorie voulant que pour vraiment comprendre et apprécier Les Frères Goyette, il faut les voir live.

"Souvent, les gens me disent: "Heille, c’est absurde, votre affaire!" Mais crime, y a du monde de même pour vrai!" souligne le réalisateur de métier (c’est lui qui a fait le clip des Peaux de lièvres de Tricot Machine) qui dit s’inspirer des habitants de son village natal de Champlain, en banlieue de Trois-Rivières. "C’est pas pour rire du monde. Je glane des expressions, des histoires qui me font rire, et je "spinne" ça en Mario Goyette, un peu comme le fait Fred Pellerin. Et puis, Mario, il est pas si éloigné que ça de moi…"

Justement, qui est-il, ce Mario qui chante des histoires de vieillesse (En résidence, entre nous, Le Bonheur d’un petit vieux), de soucoupes volantes (Pinne Floye) et de poursuite des rêves (La balle est dans mon camp) sur Rencontre du troisième âge (un album qui se veut plus musical, histoire d’éloigner l’étiquette de "musique humoristique" qui colle au groupe)?

"C’est un tripeux de la langue française", tente d’expliquer Simon. "Il s’est même loué un chalet juste à côté de la maison de Vigneault. Il lit. Oh, peut-être pas des gros romans, mais il lit. Il connaît Sonic Youth aussi parce que Sylvain a déjà fait des pédales à effets pour eux. Mais il ne les a jamais vus en concert. Il connaît Arcade Fire aussi, surtout le roux. Mais sans trop savoir ce qu’ils font. C’est une suite de hasards. Le monde tourne autour de lui, en quelque sorte. C’est un peu comme un membre des Simpson."

À écouter si vous aimez /
Les Abdigradationnistes, Les Denis Drolet, Les Cowboys Fringants