Robyn : La marathonienne
Robyn a lancé en 2010 non pas un, mais trois albums de pop dégourdie, tous excellents. Comme quoi quantité peut rimer avec qualité lorsqu’on est inspiré et qu’on ne tient pas son public pour acquis.
Marie Hélène Poitras
Pendant que plusieurs gros noms de la pop (Black Eyed Peas, Katy Perry, Kylie Minogue) se contentent de faire paraître, à l’ancienne, des albums qui contiennent deux ou trois bons titres pour dix de mauvaise musique, la Suédoise Robyn, elle, a lancé en 2010 un triptyque pop de haut niveau, ne présentant aucun signe d’essoufflement. "C’est un peu comme courir le marathon. J’ai travaillé fort, ça s’est avéré excitant et inspirant. Je ne pense pas le refaire… quoique je retienne l’idée du format court, qui n’a, somme toute, rien de révolutionnaire, d’autres l’ont fait par le passé."
N’empêche, trois albums en un an… Était-ce une façon de se challenger pour Robyn, 31 ans, qui roule sa bosse dans le monde de la pop depuis une quinzaine d’années? "Ce n’était pas prémédité. Je cherchais simplement une façon d’alterner courtes séances d’enregistrement en studio et petites périodes de tournée. La plupart des musiciens que je connais trouvent le temps long en studio… D’où l’idée de lancer un album en trois actes, une solution pratique, qui n’avait rien de prétentieux à la base, et qui permet d’intégrer rapidement le nouveau matériel en concert."
Les meilleurs titres – il y en a pas mal – sont réunis sur ce qui apparaît au final comme une sorte de compilation… Et c’est un peu comme si l’auditeur avait assisté au processus de création d’un album avant d’en goûter la crème. Par exemple, Body Talk Pt. 2 se clôt sur une version acoustique d’Indestructible drapée de cordes, qui a fait le voyage jusqu’au best of dans une irrésistible variante pop dansante: "C’est ainsi que je travaille les chansons avant de les fixer dans leur version définitive."
La blondinette candide qui chantait Show Me Love dans les années 90 est loin derrière; Robyn, que l’on a perdue de vue pendant quelques années principalement en raison de déboires avec sa maison de disques (elle a depuis réglé le problème en fondant la sienne), est de retour avec un edge et un savoir-faire dont la pop a grand besoin. "Avec le temps, j’ai développé une approche plus consciente du genre, presque une expertise pop. Mais rien ne bat une bonne mélodie, c’est la clef."
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