Jean-Michel Renaud / The Electric Barn : Ensemble, c’est tout
Le Shawiniganais Jean-Michel Renaud signe depuis toujours ses projets au singulier. Avec The Electric Barn, il conjugue maintenant au pluriel.
Si on lui avait parlé quelques mois plus tôt, Jean-Michel Renaud nous aurait tenu un tout autre discours. Avec son habituelle bonhommie, il nous aurait indiqué que son spectacle au Centre des arts était en formule solo. Or, depuis le lancement de la saison 2010-2011, les plans ont changé. Son projet en solitaire est tombé afin de faire place à The Electric Barn, un trio folk-jazz anglophone qu’il forme avec le réalisateur et multi-instrumentiste Jeannot Bournival (Fred Pellerin, Julie Hamelin) et le percussionniste Éric Charland (Val Salva, Atomic Baobab).
"Un de mes amis avait donné mon CD, Where the Mountains Sing, à Jeannot Bournival, qui avait vraiment tripé dessus et avait hâte qu’on travaille ensemble. On s’était contactés en se disant qu’on allait le faire un jour; chaque chose en son temps. Quand je suis revenu de mon dernier voyage en Inde, j’ai joint Jeannot: "Là, ça marche!" Mais on ne savait pas où ça allait nous mener tout ça."
Pour l’auteur-compositeur-interprète sans voiture, cette nouvelle association a d’abord commencé par un déménagement temporaire dans le village de Saint-Élie-de-Caxton l’été dernier. Une façon de passer le plus de temps possible dans le studio Pantouf. "C’est là qu’on a commencé à enregistrer les premières chansons de l’album [qui ne sera lancé qu’au moment où la bonne maison de disques aura été trouvée]. C’était mes chansons, mais arrangées à la sauce Jeannot. Finalement, ça a tellement connecté que le projet n’était plus le mien, il était rendu le nôtre", insiste-t-il. "J’ai vraiment donné carte blanche à Jeannot. Je me rappelle: le soir, j’enregistrais des tracks de guitare et, le lendemain matin, quand j’arrivais au studio, il n’y avait plus aucune guitare dans la toune. C’était rendu autre chose, mais ça faisait du bien. Là où on se rejoint Jeannot et moi, c’est qu’on fait bien confiance à l’intuition, à la prise du feeling, plus qu’à l’exécution parfaite. Des fois, quand tu es en studio, le réalisateur recherche la prise technique parfaite. Mais souvent, à force de la refaire, tu perds l’essence. Et nous, c’est ça que l’on recherche, l’essence. Car c’est ça qui te fait vibrer quand tu écoutes quelque chose."
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Naviguant sur de délicates mélodies, The Electric Barn fouille surtout les beautés de la simplicité. "L’idée principale, c’est de bien servir les chansons. On a plus essayé d’enlever des trucs que d’en rajouter, souligne le musicien. C’est ça que j’aime: Jeannot fait la bonne note au bon moment. Il n’en met jamais trop."
D’ailleurs, le projet est tellement inspirant que, pour une rare fois dans sa vie, Jean-Michel Renaud, un globe-trotteur, sent le besoin de jeter l’ancre. "C’est ça qui me retient au Québec! C’est vraiment juste ça!" lance-t-il. Difficile, la sédentarité? "Pas quand on a des répétitions comme celle d’hier. On s’amuse. C’est vraiment différent pour moi. Je suis habitué de jouer seul et de toujours tout remplir avec ma guitare: faire la basse, la percussion… Là, c’est la première fois que je peux chanter une chanson sans jouer de guitare. Et ça fait du bien. Ça respire beaucoup plus." Tout comme ses dernières compositions écrites sur les îles Andaman. "Ce qui m’a beaucoup influencé, c’est la mer. Je me suis rendu compte que la mer et l’océan, ça respire tellement. Ça m’a fait prendre conscience du besoin d’espace entre les notes."
Son désir de prendre le large étant étouffé par son intérêt nouveau pour The Electric Barn, Renaud commence-t-il enfin à élaborer un léger plan de carrière? "J’y pense tous les jours! À long terme, il faudrait que je sois encore au Québec ou au Canada au moins pour pousser le projet. Parce que ça, ça ne se fait pas en six mois, à moins d’être chanceux. Les bonnes salles, ça se "booke" quasiment un an à l’avance. Alors, je pense que je vais être pogné ici pendant un petit bout", sourit-il. Bizarrement, alors qu’il prononce ces derniers mots, on flaire la dualité qui l’habite. "Je me demande souvent si je fais les bons choix. L’important, c’est d’être fidèle à ce que l’on ressent en dedans, d’être intègre. Moi, mon but, ce n’est pas vraiment d’être populaire et de faire des shows partout. Je veux juste jouer de la musique et que ça soit vrai et simple. Si je finissais au sommet des montagnes avec Jeannot à jouer de la petite musique pour les chèvres, je n’aurais pas de problème avec ça. Vraiment pas."
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Pat Metheny, Patrick Watson