Émilie Simon : Le prisme d'Émilie
Musique

Émilie Simon : Le prisme d’Émilie

Émilie Simon s’amène avec un spectacle solo qui revisitera l’ensemble d’une oeuvre marquée par l’invention. Une démarche artistique organique qui a dompté la technologie.

Le dernier disque d’Émilie Simon a souligné un nouveau départ dans sa carrière. Il y a maintenant presque trois ans, au moment d’amorcer l’écriture des chansons qui allaient composer The Big Machine, la musicienne française venait d’emménager à New York. Dans cet environnement, de nouvelles rencontres se sont succédé, poussant l’artiste vers une direction qui a surpris les fans de sa précédente réalisation originale, Végétal, créée en 2006.

Encore bien installée dans la Grosse Pomme, la New-Yorkaise d’adoption, native de Montpellier, prend plaisir à apprivoiser cet environnement cosmopolite. "Je suis à New York mais je voyage encore beaucoup, précise-t-elle. Je retourne très souvent en France, par exemple. New York est une ville très accueillante, mais je suis encore loin d’en avoir fait le tour. Disons qu’elle a beaucoup de facettes!" Tout comme son oeuvre, qu’elle sculpte avec minutie depuis le début des années 2000, alors qu’elle lançait un premier album baptisé à son nom et signait la trame sonore du long métrage La Marche de l’empereur. Une musique électro-pop qu’elle modèle avec l’aide d’une technologie qu’elle manipule avec instinct.

"La technologie est composée d’outils. Il s’agit pour moi de petites machines. Je vois ça comme des palettes de couleurs. Parfois on travaille en camaïeu, avec du pastel, tout en nuances. D’autres fois, ce sera avec des couleurs franches, du noir et blanc ou même du fluo! Végétal était justement camaïeu et plus transparent sur le plan des textures sonores. La technologie, ça devient des pinceaux qu’on manipule à sa guise."

NEW YORK ET SES RENCONTRES

Avec The Big Machine, la création a pris une autre signification pour Émilie Simon. Habituée de l’IRCAM (Institut de recherche et coordination acoustique/musique) et de la création interactive et exploratoire en studio, l’artiste a plutôt choisi de s’accorder une parenthèse intimiste pour échafauder subtilement ce nouveau recueil entièrement écrit en anglais. Un seul instrument l’a accompagnée tout au long de ce processus: le piano.

"C’était la première fois que je me donnais autant de temps pour écrire, se rappelle-t-elle. Avant de passer à l’étape de la production, je tenais absolument à visualiser la direction artistique de chacune de ces chansons. Même qu’il est devenu primordial, par la suite, de respecter le plus possible leur état original. La dynamique piano-voix laisse beaucoup de portes ouvertes: les textures électroniques, l’habillage sonore, l’approche des instruments… L’instrumentation est aussi une étape très particulière. Il faut constamment choisir entre le synthétique et l’organique."

Le réalisateur François Chevallier (qui est décédé subitement en 2009) l’a guidée lors de cet exercice. Un autre acteur de prédilection est ensuite entré dans le cercle de l’artiste, le réalisateur et producteur Mark Platti (Rita Mitsouko, Alain Bashung, The Cure), qui réside lui aussi à New York. "Par le hasard de la vie, je suis tombée sur de nouvelles personnes. Avec Teitur [Lassen, qui a coécrit la pièce à saveur rétro Rocket to the Moon], ce fut pareil. J’ai fonctionné par coups de coeur. Mark Platti en fut un. Sa contribution se situe sur le plan des percussions et de la batterie. C’est un très bon musicien. Son sens musical l’amène à avoir une sensibilité particulière, il est très ouvert à l’émotion d’une chanson. Disons qu’il a très bon goût!"

POP ET BIONIQUE

Pour ce détour au Québec, Émilie Simon montera seule sur la scène, entourée de ses instruments de prédilection (piano, claviers et guitare) et de ce contrôleur au bras qui lui permet de gérer ses échantillonnages à sa guise. Une invention originale qu’elle a développée en compagnie de Cyrille Brissot, musicien, inventeur et complice des premiers jours. "On est rendu à la troisième génération du "bras électronique". Ce nouveau modèle a d’ailleurs été complété tout juste avant l’enregistrement de The Big Machine. Il a beaucoup évolué depuis sa création et il est maintenant très confortable. C’est comme pour un violoniste, on finit par développer un geste musical avec son instrument. On s’adapte, on joue avec, il fait partie du mouvement… Grâce à ce nouveau design, très léger, je peux faire ce que je veux sur scène. Je constate qu’avec le temps, ce "bras" est devenu une sorte de fil conducteur dans ma carrière. Je ne l’ai jamais quitté."

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