Mark Berube and The Patriotic Few : Folk sur mesure
Mark Berube and The Patriotic Few se démarquent avec une approche musicale poétique qui fait fi des clichés folks. Leur premier album nous révèle une création inspirée qui devrait faire du bruit.
On pourrait le qualifier de folksinger, mais les talents de musicien de Mark Berube (piano, orgue et accordéon) en font surtout un arrangeur de talent. À l’écoute de son album June in Siberia – qui sortira officiellement en mars -, on remarque que le texte est au service de la musique qui, elle, se décline principalement au piano et au violoncelle, tout en s’agrémentant de percussions "waitsiennes". On constate rapidement que cette production est avant tout une affaire de climat poétique.
L’auteur-compositeur-interprète endosse sans difficulté cette perception. Cet artiste, né au Manitoba et qui a passé son enfance au Swaziland, en Afrique, a su faire la synthèse d’influences diverses. Il avoue aussi cultiver une passion pour la littérature américaine moderne et pour Hemingway. "En 2005 et 2006, j’étais dans un groupe qui s’appelait The Fugitives, se rappelle-t-il. On y mélangeait le spoken word à la musique. J’y étais avec un artiste qui s’appelle C. R. Avery et c’est à cette époque que j’ai plongé dans le monde de la poésie et de la littérature. C’est même avec lui que je suis parti d’East Vancouver pour aller vivre à Montréal. J’ai choisi de reprendre une de ses chansons sur l’album: Let Me Go. Elle décrit bien le sentiment qui nous habitait lorsque nous sommes arrivés ici: sommes-nous des touristes ou des résidants?"
Depuis le temps, il ne fait aucun doute qu’il est devenu un résidant à part entière de cette ville d’adoption. En compagnie de son groupe The Patriotic Few, formé de Kristina Koropecki (violoncelle), Patrick Dugas (batterie) et Amélie Mandeville (basse), il s’est bâti un environnement de prédilection pour arriver à ses fins en tant qu’artiste. En collaboration avec le réalisateur Howard Bilerman, au studio de l’Hotel 2 Tango, il a rendu justice à une esthétique musicale bien réfléchie.
"On voulait avoir une véritable expérience acoustique, c’est ça qui nous motivait, affirme-t-il. Mais on a vraiment fait exprès, dès le départ, de ne pas avoir de guitare dans la formation, alors que c’est un instrument fétiche dans la musique folk. Sans guitare, j’ai l’impression qu’il y a plus d’espace pour s’exprimer musicalement. Ça se marie bien avec les histoires de ces chansons qui sont parfois expressionnistes. Par exemple, dans Hello, qui ouvre l’album, il y a une phrase qui dit: "Take me to the older town and take me where they smoke below". J’aime bien cette image. C’est le genre de feeling qui me plaît."
Là ne s’arrêtent pas les expériences musicales de Mark Berube. Son séjour en Afrique aura marqué son imaginaire au point qu’on retrouve sur ce disque une reprise de Fela Kuti: My Me Lady. "Il nous manquait une pièce qui lève et l’idée m’est venue de faire cette reprise alors que l’enregistrement était pratiquement terminé. Mon père est un grand admirateur du trompettiste Hugh Masekela, qui reprenait beaucoup de musique de Fela. C’est grâce à Masekala que j’ai découvert ce répertoire. Finalement, je n’écoute que de la "vieille" musique, I guess!" conclut-il en riant.
À écouter si vous aimez /
Patrick Watson, Teitur, Andrew Bird