Alex Nevsky : Lois de la physique
Alex Nevsky nous présente son oeuvre en formule intégrale, pour la première fois, sur scène. Un saut dans le vide qu’il compte bien faire planer en altitude.
Son charme est indéniable. Lors d’un spectacle de Yann Perreau l’année dernière, alors que ce celui-ci nous présentait en primeur sa tournée Un serpent sous les fleurs, Alex Nevsky assumait la première partie, seul au piano, et nous dévoilait quelques-unes de ses miniatures poétiques, une plume dans ses cheveux bouclés. Si ce n’avait été de Yann et de ses déhanchements aphrodisiaques, pour sûr que la gent féminine aurait cultivé quelques fantasmes au gré des heures qui ont suivi la visite de ce nouveau visage.
C’est un cliché réducteur, bien sûr, mais la musique pop s’incarne indéniablement avec des attributs qui siéent à l’interprète. On ne réinvente pas le business de la pop… Alex Nevsky ne se braque pas pour autant lorsqu’on souligne son côté romantique, que l’on percevait même calculé lors de cette première rencontre scénique. Il faut comprendre que son amour pour l’écriture lui est venu du hip-hop et que la musique, elle, s’est cultivée avec un instrument: le piano.
Carbure-t-il à la prose pour mieux assouvir le vide au lieu de se présenter avec flegme? Confronté à cette première perception, Nevsky fait plutôt état d’une timidité qui l’habite depuis toujours. "J’ai la même metteure en scène que Yann [Perreau, qui a réalisé son premier album De lune à l’aube] pour cette tournée. Elle me disait que le problème avec lui était de faire en sorte qu’il puisse arrêter de bouger et de sauter partout. Avec moi, c’est tout le contraire! La scène, c’est arrivé vite. Mais la dernière année, c’était magique… L’album n’était pas encore sorti et je commençais déjà à faire des shows [et les Francouvertes]. J’ai l’impression que tout a bien été… Peut-être même un peu trop bien à mon goût."
On est curieux de voir comment il s’y prendra pour conjuguer cette formule pop accrocheuse, qui flirte parfois avec Jean Leloup (Sous les stroboscopes), avec un corpus composé de chansons plus dépouillées telles que Ta fleur, Je ferai ce qu’il faut et Les hommes disent peu. "On aurait pu les maquiller, ces tounes-là… Des brass, des guitares et tout ça. La plupart des chansons sur l’album ont été composées piano-voix, mais certaines ne pouvaient tout simplement pas se travestir. Il y a quelque chose de vrai lorsque tu composes au piano: c’est précieux. Lorsque je suis à la guitare pour écrire, je remarque tout de suite une formule pop, on dirait que ça va de soi. Les chansons que tu viens de me nommer, j’ai l’impression que c’est un gros flash sur l’album. Ces textes, je voulais tout simplement les laisser vivre par eux-mêmes."
Une chanson comme Tristessa incarne bien cette forme qu’il vient de nous décrire. "Il n’y avait aucune musique sur ce texte… Je l’ai tout simplement improvisé au piano par la suite et c’est devenu une chanson. Mais vois-tu, je compose beaucoup en ce moment et j’ai encore le réflexe de faire des textes en forme hip-hop. J’aime ça écrire avec une musique interne, avec un rythme qui m’habite. L’écriture d’une chanson, ça peut tout simplement être de la prose… accompagnée de musique."
À écouter si vous aimez /
Alexandre Désilets, Jérôme Minière, Yann Perreau