Hey Rosetta! : Qui sème le vent
Musique

Hey Rosetta! : Qui sème le vent

Avec Seeds, la troupe terre-neuvienne Hey Rosetta! largue aux quatre vents des semences d’espoir et d’ambition.

Décalages, tempêtes, manque de sommeil, retards… Tel est le quotidien de Hey Rosetta!, ce combo de Saint John’s, Terre-Neuve. Au moment d’accorder l’entrevue à Voir, le convoi routier dans lequel prenaient place les cinq musiciens et le leader Tim Baker se voyait copieusement balayé par l’une des violentes tempêtes de neige à s’abattre sur les provinces de l’Atlantique cet hiver. Pas question de s’arrêter, par contre: le temps s’avère trop précieux, ces jours-ci. Dans quelques heures, Hey Rosetta! lancera son troisième album, Seeds. "Et il était temps que ça arrive, si tu veux mon avis", confie de but en blanc Baker au bout du fil saturé de parasites et d’interférences, quelque part au Cap-Breton. "Nous venons de donner un concert-surprise à Saint John’s; ça donnait le coup d’envoi à des mois débiles de tournée à venir. Si la température en ce moment se veut un gage de ce qui s’en vient, il risque d’y avoir plein de péripéties à conter à notre retour."

Les grandes récoltes

Seeds fait suite à Into Your Lungs (and Around in Your Heart and on Through Your Blood), parution qui leur a valu moult distinctions aux East Coast Music Awards en 2009, et qui s’est distinguée lors de la sélection des prix Polaris (citation dans la short list) la même année. Il reprend là où Into Your Lungs avait laissé l’auditeur, sur cette pop de chambre épique aux paysages colossaux de rock indé et de folk irlandais sur lesquels Baker bâtit des mouvances plus rock’n’roll, y apposant des orchestrations encore plus soutenues et y dessinant des crescendo encore plus remuants et cathartiques. "Je ne serais pas surpris qu’on qualifie cet album d’ambitieux. Je crois que le temps passé à trimer sur chacun des ornements sonores se révélera au fil des écoutes et donnera à chacune des pièces une couleur unique. C’est rigoureux, beaucoup plus que ça pourrait être ambitieux", explique le chanteur, citant au passage son réalisateur, Tony Doogan, connu pour son travail auprès de Belle and Sebastian, Mogwai et, de façon plus locale, Wintersleep. "Au départ, on avait décidé de ne pas travailler avec Doogan. Probablement parce qu’il venait de travailler avec Wintersleep et que nous sommes naturellement souvent associés à ce band par notre équipe de gérance. Après avoir longtemps jonglé avec une liste de noms de réalisateurs potentiels, Doogan est revenu, comme ça, de façon tout à fait normale", explique Baker, qui compose la majorité des musiques et l’entièreté des paroles du répertoire de la formation.

Baker a-t-il tenté de se surpasser, d’aller au-delà de ses limites de musicien? Il n’en aurait pas été question lors de l’enregistrement de Seeds. "Le processus de création a été relativement semblable à celui de l’album précédent: rassembler les meilleures chansons composées dans un laps de temps bien précis."

Après une longue réflexion, le chanteur conclut: "Plus on travaillait les chansons, plus on les pétrissait, certains thèmes ressortaient du lot: la naissance, l’espoir, la régénération, le printemps. Seeds, c’est ça. La graine, le commencement. Le retour à la terre. L’espoir que peu importe les intempéries, les idées continueront de germer et pourront éclore. Quant à savoir si j’ai su rechercher l’excellence, seul le temps le dira."

Seeds
(HR Music)

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