Antoine Corriveau : Mille après mille…
Musique

Antoine Corriveau : Mille après mille…

Depuis ses EP Entre quatre murs et Ni vu ni connu, Antoine Corriveau a fait beaucoup de chemin. D’ailleurs, son nouveau "véhicule" folk-rock, St-Maurice/Logan, attire particulièrement l’attention.

D’entrée de jeu, ce qui surprend de St-Maurice/Logan, c’est sa pochette: on y voit Antoine Corriveau, impassible, le visage maculé de goudron. "La route et les arbres sont des thèmes qui reviennent beaucoup sur l’album. Et je trouvais que ça les illustrait bien et de façon quand même subtile", explique-t-il.

Le premier album du Trifluvien d’origine, réalisé à quatre mains avec Nicolas Grou, sent en effet le bitume et la poussière. Des parfums qui découlent d’une période riche en voyages? "Pas tant que ça… L’imagerie de la route m’a toujours intéressé. Je pense que ça vient peut-être plus illustrer les déplacements et les avancées dans la vie que ceux qu’on fait physiquement, sur la route. Veux, veux pas, ça a été une époque pleine de changements, d’évolutions, autant dans ma carrière musicale que dans ma vie", souligne celui qui collabore entre autres avec la bassiste Émilie Proulx et qui vit à Montréal depuis presque trois ans.

Un certain emploi dans la métropole lui a d’ailleurs inspiré quelques chansons, dont L’uniforme, qui pose un regard critique sur le métier de soldat, et Fusillez-moi. "Cette pièce est née d’une frustration. Quand je suis arrivé à Montréal, j’ai travaillé dans un bureau où j’entendais parfois des phrases un peu aberrantes. Il y avait par exemple un de mes collègues qui se prononçait en faveur de la peine de mort: "Une balle dans la tête, ça serait tellement plus simple." Je me disais: "Fuck, on est en 2010! Je ne peux pas croire que j’entends ça à deux mètres de moi." Ça m’a tellement mis en colère que j’ai écrit cette chanson."

LA ROUTE DU BONHEUR

Heureusement, St-Maurice/Logan n’a pas été créé que dans la frustration. De grandes joies ont aussi précédé sa sortie. Dans le lot, mentionnons la réponse du public à l’initiative de Corriveau qui, à court de sous pour terminer l’enregistrement de ce premier disque, avait invité ses fans à l’acheter en prévente sur son site Web. Il proposait différents forfaits. Par exemple, contre 500 $, il offrait St-Maurice/Logan en MP3 avec le livret en PDF, ses deux premiers EP, deux entrées pour son lancement, des B-sides et un spectacle solo chez vous (!). Certains ont-ils osé acheter ce forfait? "Non, mais il y en a qui ont opté pour celui à 250 $!" lance l’auteur-compositeur-interprète, non sans fierté. "J’ai dépassé mon objectif de 18 %, qui était de 2500 $. J’ai fait 2950 $ en tout. Ça a été une surprise pour moi. Ça m’a permis de terminer les étapes de production au fur et à mesure."

Parmi les autres surprises, la chanson Rosie, qui donne un avant-goût du prochain tournant que prendra le musicien. "L’année passée, j’ai participé à un atelier d’écriture à Tadoussac pendant le Festival de la chanson. Cette pièce est née avec des contraintes, des mots que je devais intégrer à un texte. Tout le long des ateliers, j’essayais de garder ma façon d’écrire, de ne pas trop me mouiller. Vers la fin, j’ai écrit Rosie et je me trouvais bizarre. Ça me faisait rire. Je ne pouvais pas croire que j’avais écrit un texte sur un gars qui perd sa perruche! Mais c’est sorti. J’ai beaucoup hésité à mettre cette toune sur l’album, car elle est un peu différente des autres. Mais comme c’est peut-être une façon d’écrire, une direction que je vais prendre dans le futur, je l’ai fait."

St-Maurice/Logan
Antoine Corriveau
(Indépendant)

À écouter si vous aimez /
Jean Leloup, Dominique A, Philippe B