Emilie-Claire Barlow : Chacun ses sixties
Musique

Emilie-Claire Barlow : Chacun ses sixties

Emilie-Claire Barlow fait sa propre révolution hippie avec une sélection musicale de circonstance. Toujours sous la bonne étoile du jazz, mais avec de nouveaux standards.

Des chansons de Sonny Bono, Donovan, Buffy Sainte-Marie, Burt Bacharach et Bob Dylan: voilà qui pourra vous donner une idée claire de la thématique du huitième album d’Emilie-Claire Barlow. Avec ce disque intitulé The Beat Goes On, l’interprète jazz de l’Ontario s’est inspirée des années 60 et des auteurs-compositeurs-interprètes qui les ont si bien illustrées. Un exercice original qui lui a permis de reléguer aux oubliettes les grands standards de l’American Songbook qu’elle interprète depuis tant d’années.

La chanteuse de Toronto nous offre ainsi une fresque qui représente bien la diversité de cette décennie qui a connu son lot de révolutions sociales et culturelles. "C’est ce qui m’attirait dans ce répertoire, le côté parfois frivole et le pétillant, indique-t-elle. Mais je voulais faire abstraction du côté kitsch. These Boots Were Made for Walkin’ (popularisée par Nancy Sinatra) est un bon exemple de cette frivolité. Je comptais préserver cet état d’esprit, The Beat Goes On devait être le fun! Mais c’est aussi une décennie de changements, tu as raison. De sérieux bouleversements sociaux ont eu cours, il y avait la guerre… En fait, c’est une décennie de contrastes et de folie. Quelle variété!"

Faire une sélection finale ne fut pas une tâche facile. Barlow ne voulait surtout pas emprunter des sentiers battus, en touchant aux Beatles par exemple, un exercice que le guitariste et chanteur jazz John Pizzarelli a accompli avec brio il y a quelques années. Plusieurs mois d’écoute intensive furent donc essentiels à l’interprète, qui a fait ses devoirs sans rechigner, complétant par la suite la production au studio de son conjoint, le producteur Daniel LeBlanc. "Au départ, la liste de chansons était longue et les possibilités, multiples. J’en connaissais certaines depuis longtemps, comme Will You (Still) Love Me Tomorrow de Carole King et Raindrops Keep Falling on My Head de Burt Bacharach. Ce dernier est un compositeur exceptionnel, il a son style et c’est très bien écrit. Par contre, avec Sunshine Superman de Donovan, ce fut la découverte. Il a fallu que je m’adapte. Avant tout, j’ai choisi ces chansons en fonction de la qualité des arrangements originaux. Lorsque tu as une bonne matière, réarranger la musique devient un travail fascinant. Et bien sûr, il fallait que les chansons fassent corps sur cet album. Les textes deviennent alors très importants."

En plus d’être soucieuse de l’unité de cette production, l’interprète a rendu hommage au Québec, où elle organise une tournée chaque année. Cette francophile passionnée a choisi Comme je crie, comme je chante, interprétée jadis par Pauline Julien. "Quand je l’ai entendue pour la première fois, je savais que cette chanson correspondait à l’énergie que je voulais pour cet album. C’est une chanson épique et c’est aussi un grand poème. Mais j’étais nerveuse de reprendre cette chanson: Pauline Julien est sans contredit une interprète que les gens connaissent très bien au Québec. J’avais l’impression de toucher à un personnage sacré!"

À voir si vous aimez /
Holly Cole, Peggy Lee, Stacey Kent