Girl Talk : Fille électrique
Girl Talk sort de la zone de guerre.
Gregg Gillis est une anomalie. Tandis que l’art dans lequel il excelle – le mashup, ou "collage d’extraits de chansons pour en faire un nouveau tube" – est passé de "next big thing" à passe-temps de nerd en un éclair, il y a déjà dix ans, sa carrière à lui ne cesse de croître. "J’étais moi-même étonné qu’on dise que le mashup allait être le prochain gros truc, quand mon album Night Ripper a commencé à devenir populaire, en 2006. Ma première réaction a été de dire: Quoi? Ça ne s’est pas terminé il y a cinq ans?" lance Gillis.
Selon l’ex-biotechnicien, le fait que Girl Talk soit aussi une expérience à vivre live aide, mais la réponse se trouve aussi sur All Day, son plus récent album lancé (gratuitement et virtuellement, toujours) en novembre. "La clé est de continuer de faire des albums qui soient intéressants, qui contiennent quelque chose de nouveau. C’est comme le punk, le hip-hop ou tous les autres genres de musique: lorsqu’ils sont apparus, ils ont fait l’objet de tant de répétitions que les gens s’attendaient à les voir disparaître. Mais des innovations ont permis à ces musiques de croître et de bouger. Bien fait, le mashup s’apparente à un album comme Paul’s Boutique des Beastie Boys, qui n’a pas vieilli d’un poil. C’est comme le rock’n’roll: ça ne mourra jamais."
Longtemps reconnu pour ses concerts bordéliques, lors desquels le public était invité à le rejoindre sur scène jusqu’au débordement, Gillis a récemment dû se rendre à l’évidence et opter pour quelque chose de plus contrôlé, cadencé et mis en scène. "À un moment donné, ça a atteint un point où ce n’était plus un chaos amusant, mais bien un chaos dramatique. Des gens étaient blessés, des appareils se faisaient débrancher, les concerts se terminaient prématurément, certains considéraient que leur expérience avait été gâchée parce qu’ils n’avaient pas réussi à monter sur scène… C’était devenu une zone de guerre!"
Sa présente tournée voit Gillis entouré pour la première fois d’un décor, d’éclairages et d’une équipe de 12 techniciens. "Certains fans en sont déjà à leur sixième ou même leur dixième concert de Girl Talk, donc j’essaie de mettre un peu de nouveau, de donner au spectacle des airs d’expérience multimédia. C’est beaucoup plus chorégraphié et serré qu’avant, mais tout est encore live. Il y a encore place à l’improvisation et on invite encore un nombre restreint de fans sur scène au hasard. Le chaos, c’était bien pendant un temps, mais il fallait trouver autre chose."
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