Machinegun Suzie : La vengeance de Suzie
Machinegun Suzie: quatre filles armées jusqu’aux dents. On craint le blitzkrieg.
Qui est Machinegun Suzie? Jusqu’à tout récemment, une furie qui donnait pas mal de trouble au poète rock Lucien Francoeur. Selon la chanson de son groupe Aut’chose, Pousse pas ta luck OK bébé, nous aurions affaire à "une fille toute colorée, une fille de ruelle, une fille comme dans les clubs des Rolling Stones, une fille de stand de patates frites, la Reine du hot-dog steamé, une fille de manufacture, une fille de bécyk à gaz, la traînée du rock’n’roll, la fille à tout le monde".
Près de 40 ans plus tard, quatre rockeuses de Québec se drapent dans le nom de l’égérie depuis longtemps oubliée et recrachent au visage du freak de Montréal sa misogynie dans un assaut de distorsion et de vrombissements. Vaut mieux ne pas chercher noise à ces filles armées jusqu’aux dents. "On aime les notes graves, faut que ce soit lourd le plus possible, on joue accotées sur les grosses cordes. On s’inspire du mouvement riot grrrl, Bikini Kill et compagnie. Ces bands-là nous ont donné le goût de faire partie d’un groupe exclusivement féminin", raconte la bassiste Steph, porte-parole de ses collègues Gab (guitare solo), Pouliche (qui porte très mal son sobriquet si on se fie à la façon dont elle malmène les tambours) et Yvonne Eric (chant, qui a gagné ses médailles d’honneur au sein des Hellcats, légendaire groupe rock garage de la capitale).
Les Suzies font du bruit, donc, en appelant l’arsenal pesant du stoner rock (que Steph prononce avec toute la suavité de l’accent de Québec "stoneur") et du grunge façon L7. Une autre manifestation de la résurgence 90 que l’on pressent dans certains milieux? "J’ai l’impression que ça fait 10 ans qu’on dit qu’il y a un grunge revival pis que ça n’arrive jamais vraiment, considère-t-elle. Mais c’est un courant musical tellement important pour la scène underground que, forcément, on sent l’influence un peu partout." Donnons-lui raison, parce que comme l’observait Melissa Auf der Maur, après que MgS eut assuré sa première partie en septembre dernier: "You can’t argue with a girls band."
Avec un premier album en préparation, les mitrailleuses n’affrontent plus qu’un seul obstacle: "On a de la difficulté à synchroniser nos cheveux. Comme on les brasse pas mal, il peut arriver qu’ils s’emmêlent et s’accrochent dans nos clés de guitare." Séance de chorégraphie avec Nico Archambault en vue pour résoudre la fâcheuse anicroche capillaire? "Ben non! On tire pis au pire, ça arrache."
Le 5 mars à 20h
Au Bar Le Magog
À écouter si vous aimez /
Queens of the Stone Age, L7, Bikini Kill
BOUCHONS NON INCLUS
On compatit déjà avec ceux qui oublieront leurs bouchons à la maison le 5 mars prochain. En plus de Machinegun Suzie prendront la scène les nouveaux venus Psychic Octopus, qui livrent un punk-ska engagé majoritairement en français, ainsi que Divine Incorporated, combo trash-métal-prog sherbrookois qui effectue un retour après 10 ans d’absence et s’apprête à rééditer son premier album paru en 1997. Aussi: Infinite Moksha de Québec puis, en clôture, Unveil, qui laisse ses projections à la maison pour revenir à la base, du rock noir en power trio.