NEeMA : La voix de son maître
Musique

NEeMA : La voix de son maître

NEeMA a su parfaire son art auprès d’une légende qui est devenue un ami. Genèse d’une production qui porte le sceau de Leonard Cohen.

En raison de ses allures de bohémienne, on peut facilement conclure que les voyages doivent nourrir l’imaginaire de cette auteure-compositrice-interprète montréalaise aux racines égyptiennes et libanaises. NEeMA semble avoir la bougeotte et son dernier album, Watching You Think, est en quelque sorte un reflet poétique de sa personnalité solitaire et aventurière.

Alors qu’elle nous explique les détails qui entourent la sortie de cette production aux États-Unis au mois de mars (elle sera d’ailleurs au festival South by Southwest à Austin), elle se rappelle un séjour à Los Angeles, une ville où tout s’est mis en place pour elle il y a plus de deux ans. Des chansons telles que Lost in LA et Escape en sont d’ailleurs des témoignages éloquents. Mais surtout, cette ville fut le théâtre d’une rencontre unique avec celui qui allait devenir un guide de prédilection: le poète Leonard Cohen.

"Plusieurs de ces chansons ont trouvé leurs racines et sont nées à Los Angeles, précise-t-elle. J’y ai trouvé le contexte idéal pour travailler et écrire. Dans une telle ville, on se perd, et c’est parfois déroutant. Mais d’un autre côté, on se retrouve aussi avec soi-même. Leonard, lui, a pu superviser l’écriture de ces chansons dès le début, bien avant que l’enregistrement ne commence à Montréal par la suite. Il m’a donné ses commentaires et j’ai écouté ses conseils."

L’exercice fut intimidant. Et être parrainé de la sorte par un auteur aussi influent est tout de même exceptionnel. Avec humilité, l’artiste a dû se faire à l’idée de vivre avec le verdict d’un Cohen parfois vindicatif. "Ce n’était pas facile… Admettons qu’il a fallu qu’une amitié se cultive au préalable. C’est à partir de ce moment que j’ai pu me résoudre à faire cet exercice. Chanter une chanson à quelqu’un, c’est une chose. Lui offrir un texte et ses secrets, c’est différent. On se retrouve alors devant un maître. En quelque sorte, on voudrait écrire aussi bien que lui, mais ça ne doit pas devenir une obsession."

"Et attention, Leonard est quelqu’un de très exigeant, souligne-t-elle. Il a des attentes très élevées! Mais ce fut motivant et très inspirant. C’est encore aujourd’hui un mentor pour moi. Et dans la vie, il reste un ami qui donne de bons conseils."

L’artiste indépendante, à la tête de sa propre compagnie (Neemaste), a maintenant signé une licence avec Sony (la même compagnie que Leonard Cohen) et compte bien traverser les frontières avec Watching You Think. Cette association avec la multinationale ne devrait pas, selon elle, lui imposer trop de compromis. "Dans ce métier, il y a certaines pressions, c’est sûr. Mais j’ai le contrôle de ma direction artistique. Avec mon premier album [Masi Cho, paru en 2007], j’avais fait l’erreur de laisser la réalisation entre les mains d’une tierce personne. J’ai fait totalement confiance, sans trop me soucier des conséquences. Il y avait de bonnes chansons sur ce disque, mais ce fut malheureusement un peu trop pop. Ça ne me ressemblait pas. Aujourd’hui, j’essaie avant tout d’être honnête dans mon travail."

À écouter si vous aimez /
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