The Luyas : Création totale
The Luyas s’apprêtent à sillonner les États-Unis et l’Europe de long en large cette année. Un nouveau chapitre est en train de s’écrire pour ce groupe de musiciens téméraires.
Une visite-surprise à La Suite l’année dernière nous avait dévoilé ce groupe qui n’avait, à l’époque, qu’une autoproduction en poche intitulée Faker Death. The Luyas commençaient, après quatre ans, à se faire connaître. Le collectif fondé par Jessie Stein – qu’on entendait auparavant au sein de Miracle Fortress – rassemble les musiciens Pietro Amato (Torngat), Mathieu Charbonneau (Ferriswheel), Stefan Schneider (Bell Orchestre) et Sarah Neufeld (Arcade Fire). Un groupe aux talents individuels confirmés, proche de l’avant-garde, qui renouvelle la pop indie à grand renfort d’arrangements audacieux.
Stein trouve facilement les mots pour nous décrire la philosophie du groupe montréalais, qui vient de faire paraître Too Beautiful to Work sur l’étiquette Dead Oceans. "Lorsque nous avons commencé à travailler ensemble, nous étions tous occupés avec une multitude d’autres projets. Dans ces circonstances, en tant que musicienne, on se retrouve parfois dans une zone de confort, bien installée dans un répertoire qui devient répétitif. C’est normal, car les spectacles s’additionnent et la création devient secondaire. Avec The Luyas, on voulait s’amuser et faire des sons bizarres! Il n’y avait pas de règles. Après presque cinq ans d’expérimentation, on se retrouve avec un son et un répertoire plus consistants. On se connaît bien, donc j’imagine qu’on va commencer à se répéter un peu, comme tous les autres groupes! Mais on essaie de revenir à l’énergie des premiers moments et de rester ouverts d’esprit."
Les collaborateurs se sont additionnés tout au long de ce parcours artistique aux allures utopiques. Prenons par exemple l’apport du compositeur et violoniste Owen Pallett à la composition des arrangements. "Owen a été mon colocataire pendant plusieurs années, tout comme Sarah maintenant. Il a été témoin de la naissance des Luyas. Il a un talent pour les arrangements et sa contribution en studio nous a donné le luxe de nous concentrer sur l’interprétation. Au départ, nous voulions que ces chansons soient accessibles. Ensuite, on se laisse aller et on expérimente des sons. Sans arrangements, on se retrouve avec une pop très mélodique. Lorsqu’une chanson est bien construite, je crois qu’on peut se permettre de faire ce que l’on veut pour l’habiller. Et ça, c’est cool!"
Lorsque vous verrez Jessie Stein sur scène, vous remarquerez sans doute cet instrument qui pourrait faire vaguement penser à une mandoline traficotée. C’est en fait une Moodswinger, un instrument inventé par un certain Yuri Landman. La musicienne a eu le coup de foudre pour cet instrument qui souligne aussi le côté aventurier des Luyas en matière de recherche sonore. "Le défi, c’était de trouver une façon d’en jouer! C’est le timbre de cet instrument qui m’a intéressée dès le départ. Ça me fait penser à Sonic Youth, lorsque Thurston Moore glissait un tournevis en dessous des cordes de sa guitare électrique. C’est sensiblement le même principe, et l’avant-garde adore ça!" remarque-t-elle en riant.
À écouter si vous aimez /
Bell Orchestre, Torngat, Ferriswheel