Land of Talk : La métamorphose
Musique

Land of Talk : La métamorphose

Land of Talk requiert maintenant les services de musiciens de prédilection qui, sous la gouverne d’Elizabeth Powell, redéfinissent le caractère de la formation montréalaise.

Land of Talk est maintenant l’histoire d’une seule et unique auteure-compositrice-interprète. Après deux albums consécutifs, soit le EP Applause Cheer Boo Hiss et l’album Some Are Lakes, Elizabeth Powell s’est retrouvée seule à la tête du groupe qu’elle a fondé en 2005. Parfois en compagnie du bassiste Joseph Yarmush (en tournée avec Crystal Castle) et du batteur Andrew Barr (en tournée avec son groupe The Barr Brothers), la musicienne gère bien son carnet d’adresses. Les amis musiciens ne manquent pas et sa formation trouve toujours quelques élus de prédilection pour l’accompagner sur scène.

"Joseph et Andrew sont très occupés en ce moment, alors je me retrouve avec une nouvelle formation, indique-t-elle. C’est le batteur Dave Payant, que tu peux entendre aux côtés de Katie Moore, qui m’accompagnera pour les prochains concerts, et Mike Feuerstack [nul autre que Snailhouse] sera mon guitariste. C’est bien, ce sont de très bons amis! Ça va me permettre de faire un certain survol et de revenir jusqu’au premier EP. Disons que mon dernier album [Cloak and Cipher, sorti l’année dernière] est assez compliqué à reproduire sur scène. Il me faudrait un groupe d’au moins sept musiciens, pour avoir des cuivres et des cordes. Avec cette formation, on met les chansons à nu."

C’est avec la collaboration du bassiste Eoin O Laoghaire en studio qu’Elizabeth Powell nous a concocté ce deuxième album complet plutôt audacieux qui expose plusieurs facettes de l’auteure. Ajoutez à cela la science de Jace Lasek (The Besnard Lakes) à la console et vous vous retrouvez en face d’une production achevée qui, dans la carrière de Powell, est sans aucun doute un sommet. "Plusieurs événements sont venus chambouler notre travail en studio, se rappelle-t-elle. Le mood a changé en cours de route. La pièce Color Me Bad, par exemple, avec cette série d’accords à la 12 cordes, fut écrite alors que nous avions appris la mort d’Alex Chilton. Je suis une grande fan de son groupe, Big Star, et cette chanson est une forme d’hommage, c’est très années 70 comme son. Souvent, c’est comme ça. Lorsque l’écrivain David Foster Wallace est décédé en 2008, j’avais écrit A Series of Small Flames, qui se retrouve sur le EP Fun & Laughter. En 2010, il y a eu beaucoup de départs… Mark Linkous [Sparklehorse] est disparu, et Lhasa aussi… Des musiciens que j’admirais beaucoup."

Question de se défouler un peu, la musicienne s’est même permis de réécrire le roman Couples de John Updike, biffant au passage tous les commentaires misogynes auxquels s’abreuvent les personnages principaux. Cet exercice a fini par devenir une contrainte qui a dirigé une bonne part de l’écriture de ce dernier disque. "Une méthode très intéressante, mais je ne suis pas sûre de recommencer pour un prochain album. Par contre, je me suis imposé un défi. Il faudra que j’écrive au moins une chanson dans une tonalité bien précise! La plupart des pièces de Land of Talk passent d’une tonalité à l’autre… C’est comme ça. Mais les gens n’arrêtent pas de me demander le tuning! Il n’y en a pas, mais j’y travaille!"

À écouter si vous aimez /
The Besnard Lakes, PJ Harvey, Sparklehorse