Gatineau : Pour un flirt
Musique

Gatineau : Pour un flirt

Gatineau retourne aux sources et lorgne vers la pop avec Karaoke King.

Trois ans après l’album éponyme qui lui a valu une nomination à l’ADISQ, on s’étonne presque que le second opus du combo rap-rock Gatineau ressemble autant à du… Gatineau.

C’est que depuis le départ du multi-instrumentiste Dom Hamel (parti se consacrer à Orange Orange), au début de 2009, la réinvention pointait à l’horizon. On a vu le MC Éric "Seba" Brousseau et le programmeur et chef d’orchestre Jean-Sébastien "Perceval" Cyr essayer différentes formules, notamment en compagnie de l’ex-Plaster Alex McMahon.

Finalement, ce Karaoke King, atterri la semaine dernière en version numérique et à venir en version physique le 15 mars, ramène des saveurs et des odeurs toutes familières. Sur un mode un peu plus électronique, qui voit le batteur Burne Macpherson (Jean-Sébastien Nicol) n’apparaître que sur 4 des 14 titres, le duo s’entoure de choeurs féminins.

"C’est un peu un retour aux sources", commente Perceval. "Ce projet-là, on l’a parti à deux; c’est comme ça qu’on a commencé à tripper. On a ouvert la formule par amour des interactions musicales, mais comme la sauce a plus ou moins pris dans ce qu’on a essayé suivant le départ de Dom, on a cru bon de revenir à la base pour le moment", explique-t-il, sans écarter la possibilité d’éventuellement rouvrir les rangs. Séba renchérit: "Des fois, tu es mieux de t’en tenir au moins de monde possible dans ton équipe. Si la chimie se fait bien comme ça…" Sur scène, la paire (secondée en studio par Carl Bastien) comptera sur les services de Macpherson ainsi que du claviériste Martin Lizotte (Loco Locass/Jedi Électro/Le Golden), mais pourra aussi se produire en duo à l’occasion.

Karaoke King, c’est aussi l’inévitable flirt pop. "Je crois qu’on est un peu plus "focus", observe Cyr. Il y a eu un travail d’épuration qu’on n’avait pas fait pour le premier album. Les constructions sont plus vers-couplet-vers; il y a eu une économie de mots, de musique…"

Le terrain de jeu idéal pour Séba qui, comme quiconque le suit sur Facebook ou via son blogue le sait, a développé une fascination réelle pour les magazines à potins, Justin Timberlake et, surtout, Claude François. Celle-ci est étalée en long et en large dans Le monde est d’même, la pièce-titre, de même que sur la bizarroïde pochette de l’opus, simplement ornée d’un pastiche de la défunte star française. Si c’est la fascination du ridicule qui a d’abord animé le rappeur, celui-ci éprouve un attachement et une curiosité bien profonde envers ce qu’il appelle "la quintessence de la pop et de la démesure".

"Quand on veut faire partie de la culture populaire, il me semble qu’il faut s’intéresser à ça pour vrai!" souligne Séba, intrigué par cette impression que le star-system nous connecte en quelque sorte à "quelque chose de plus grand que nous". En revanche, des pièces comme J’veux être vu avec ou Motherlover continuent d’illustrer le côté sombre de la nature humaine, si cher à l’artiste. "Le négatif révèle la lumière. C’est comme voir quelqu’un trébucher sur une pelure de banane: c’est triste, mais c’est aussi comique", souligne-t-il. "Mon prof de cinéma disait: "Regardez Tintin et le capitaine Haddock. C’est Tintin, le héros, mais c’est lui, le personnage mièvre. Il ne fume pas, il ne boit pas, il ne baise pas… Le vrai personnage intéressant, c’est le capitaine Haddock!" C’est certainement plus à propos de lui que j’ai envie d’écrire!"

Gatineau
Karaoke King
(C4)
Version CD en vente le 15 mars

À écouter si vous aimez /
Loco Locass, Fishbone, les Beastie Boys