Monogrenade : Multisonore
Monogrenade explore avant tout et conjugue à sa musique une imagination sans limites. Le groupe nous offre Tantale, un premier disque qui fréquente le mystérieux.
Le titre et l’illustration qu’on trouve sur la pochette de ce premier album de Monogrenade en intrigueront quelques-uns. Associer le mot Tantale à une créature marine à tentacules est quelque peu inusité. Car ce nom est bien celui d’un personnage issu de la mythologie grecque. Celui dont le supplice, dicté par les dieux, impose un cruel destin. "La légende m’intéressait", précise le leader du groupe, Jean-Michel Pigeon (voix, clavier et guitare). "Et la chanson qui porte ce titre illustre ce qui est inaccessible. Tantale, lui, était soumis à la tentation et ne pouvait assouvir sa quête. Tu as quelque chose à portée de main, mais c’est toujours impossible d’y toucher. Pour ce qui est de la créature marine, on aime les illustrations de type seamless pattern. Sans être des fanatiques, on s’inspire quelquefois du fantastique."
Ce premier recueil de 12 pièces, qui fait suite au EP La saveur des fruits (2009), nous offre une pop éclatée qui intègre des arrangements audacieux. Les échantillonnages fusionnent à des procédés acoustiques, et les arrangements pour cordes et claviers viennent illustrer une poésie abstraite et énigmatique. "Ce qui était génial, c’est qu’on n’a pas enregistré cet album dans un studio, indique-t-il. Nous étions dans un chalet à Piedmont. Il y avait une piscine intérieure et nous avons utilisé l’acoustique de cette pièce dont la réverbération était géniale. En fait, je crois qu’on a fait des tests de son dans toutes les pièces! Le premier mois a été consacré à faire des expériences sonores. On ne faisait qu’explorer. Même un peu trop, car le deuxième mois fut un véritable marathon. Nous, on aime ça les sons organiques et les échantillonnages raffinés. Ce sont des détails importants. Sans compter les arrangements. Pour une fois, nous avons pu enregistrer avec un quatuor à cordes!"
Avec ses collègues Marianne Houle (violoncelle), Mathieu Collette (batterie et programmation) et François Lessard (basse), c’est un véritable laboratoire de création qu’a fondé Jean-Michel Pigeon, autrefois du groupe Winter Gloves. Après maintenant trois ans de labeur, il trouve enfin une dynamique de groupe de prédilection et un terreau fertile. "On adore la musique classique et on est des passionnés de musique, affirme-t-il. Disons qu’on n’est pas très portés sur la pop accessible. La musique, c’est autre chose qu’une simple mélodie. Ce qui est bien, c’est qu’on peut maintenant s’exprimer avec plus de moyens. Pour le EP, nous avions fait beaucoup de compromis pour des raisons économiques. Aujourd’hui, on a un contrat de disques (Bonsound) et on peut rester fidèles à une direction artistique qui nous tient à coeur. Je n’ai aucune crainte en ce qui concerne notre liberté artistique. Dans le fond, chacun fait son travail de son côté."
Une nouvelle association qui augure bien et qui offre au paysage rock québécois un nouveau groupe qui n’a pas fini de surprendre. "Ne reste plus pour nous qu’à trouver les moyens financiers d’avoir un quatuor à cordes en permanence sur la scène! Ça, c’est autre chose!" On peut toujours rêver.
À écouter si vous aimez /
Radiohead, Karkwa, Patrick Watson