DeVotchKa : Le bonheur d’être triste
DeVotchKa vient défendre un nouvel album tout aussi sombre et métissé que les précédents.
DeVotchKa ("fille" en russe) n’est certainement pas un groupe comme les autres. Plutôt que de se contenter de créer une musique indie rock/pop selon les normes, la formation de Denver brouille les pistes en mélangeant toutes sortes de musiques et d’influences. Alors que Beirut s’inspire des musiques d’Europe de l’Est et que Calexico carbure au tex-mex, DeVotchKa amalgame tous ces styles et y ajoute un peu de musique grecque et nord-africaine, un peu de sons d’Andalousie et de cabaret burlesque, un peu plus d’indie à la Arcade Fire et pas mal de caractère dramatique à la Nick Cave. Et encore, on doit en oublier. Il en est pratiquement ainsi depuis les débuts de DeVotchKa sur disque, et son nouvel effort, 100 Lovers, n’y fait pas exception avec, possiblement, un léger accent sur l’aspect indie.
"On a toujours écrit des chansons contenant des éléments de rock et d’indie pop", nuance Nick Urata, leader du quatuor et aussi compositeur de bandes sonores de plus en plus en demande depuis le succès qu’il a obtenu avec celle de Little Miss Sunshine. "Écrire des musiques pour le cinéma m’a beaucoup appris. Cela m’a ouvert les yeux sur toutes les avenues musicales qu’il est possible d’emprunter avec DeVotchKa. Quand tu travailles sur la bande sonore d’un film, tu finis par prendre des chemins auxquels tu n’aurais jamais pensé en temps normal, et je crois qu’on peut entendre cela sur notre nouvel album. Du moins, moi, c’est ce que je ressens quand je ferme les yeux et que j’écoute le disque", ajoute le chanteur qui avoue du même coup être obsédé en ce moment par la musique brésilienne, particulièrement les croisements entre la samba et l’électro.
Lors d’une entrevue qu’il m’avait accordée en 2009, Nick Urata laissait entendre qu’il avait du mal à écrire des paroles qui ne soient pas tristes, mais que, par crainte de démoraliser les gens, il souhaitait que son prochain album, 100 Lovers donc, soit plus positif. Il faut croire qu’il n’a pas réussi! "Je pense que je racontais n’importe quoi! Tout l’album tourne autour de sujets assez sombres, même les chansons plus positives sont teintées d’un sentiment de noirceur menaçant. Mais pourquoi serions-nous si joyeux après tout?" s’interroge le multi-instrumentiste (piano, guitare, trompette, thérémine, bouzouki…). "Comme je l’ai déjà dit, il y a une certaine joie dans la tristesse et on doit passer à travers la nuit et le froid pour être capable d’apprécier le soleil."
À voir si vous aimez /
Beirut, Arcade Fire, Calexico