Les Breastfeeders : En pleine gueule
Les Breastfeeders reviennent à la charge avec Dans la gueule des jours, un album plus nuancé que les précédents mais toujours aussi rock’n’roll.
Les Breastfeeders ont de la gueule. Toujours. La classe jusqu’au bout des doigts, du style, un son, une énergie électrisante et contagieuse. Une certaine excentricité exaltante, aussi. C’est comme ça qu’on les aime et c’est comme ça qu’ils nous reviennent, à quelques détails près, avec Dans la gueule des jours.
Pour les 13 chansons de ce troisième effort, Luc Brien (guitare-voix), Suzie McLelove (guitare-voix), Sunny Duval (guitare), Joe (basse), Johnny Maldoror (tambourin et excentricités) et Pat No (batterie) ont voulu apporter un peu plus de nuance à leur rock vitaminé. Mais malgré l’ajout de cordes, de marimba et autres petites subtilités, malgré une plus grande place accordée à la jolie voix de Suzie McLelove et quelques chansons plus calmes, ce sont les bons vieux Breastfeeders qu’on retrouve, six ans après le sonique Les matins de grands soirs. "Je ne pense pas qu’on ait vraiment changé. Oui, on est plus matures, mais notre album n’est pas plus léché, il est juste moins chargé, explique Luc Brien. On n’a pas abordé ce disque comme le précédent. Les matins reflétait un peu notre son live, dans ta face… Mais j’ai du mal à l’écouter jusqu’à la fin, car c’est trop dans le tapis. On ne le renie pas, mais on voulait un disque qui respire plus, en allant vers des arrangements qu’on puisse au moins entendre. Car notre deuxième album avait des arrangements, mais ils étaient noyés dans un mur de son", tient à préciser ce fan avoué d’Antoine. "En fait, nos trois albums sont tous différents les uns des autres."
Contrairement à la majorité des groupes rock garage, les Breast ont toujours tenté d’éviter les clichés en ce qui concerne les paroles de leurs chansons. Et c’est encore une fois le cas sur cette troisième galette. "J’écris tout le temps avec Johnny Maldoror. On est deux gars qui tripent sur la nature des mots et les différentes connotations qu’ils peuvent avoir. Tous les deux on aime jouer avec des images qui ont plus qu’une signification. Nous ne sommes pas vraiment des auteurs figuratifs ni abstraits mais davantage imagés, nuance le chanteur et guitariste. Mais pour ce qui est d’une thématique autour du temps, comme le laisse entendre le communiqué du disque, il n’y en a pas vraiment."
Dans une récente entrevue, le groupe affirmait qu’il avait du mal avec les étiquettes yéyé ou retro que certains leur affublent. Pourtant, plusieurs membres du groupe arborent un look très sixties et leur musique est parsemée de clins d’oeil à certaines formations de cette époque ou de l’ère punk new wave. "Je ne rejette pas ces styles, mais il y a une bonne différence entre les Breast et ce que font certains groupes qui abordent ces musiques en puristes, se défend Luc Brien. On n’a jamais été aussi loin que ça! Je ne veux pas qu’on soit enchaînés à une étiquette comme ça. Depuis toutes ces années, je pense que Les Breastfeeders sont pratiquement devenus un style en soi. Nous avons vraiment évolué par rapport à nos débuts et on s’est détachés de ces influences qui parsemaient nos deux premiers albums. Certains disent qu’on a un style limité. Moi, je ne pense pas. On peut se permettre toutes sortes de trucs. On a du surf, on a du pop, on a du psychédélique, on a du new wave, du punk-rock, du gros garage… Je ne vois pas en quoi on serait limités. Avec Dans la gueule des jours, on continue d’ouvrir des portes."
Les Breastfeeders
Dans la gueule des jours
(Blow the Fuse)
À voir si vous aimez /
The Hives, Les Wampas, Les Secrétaires Volantes
Image et son
Les Breastfeeders ont toujours fait attention à leur look et à leur son. Ces esthètes rock ne jouent pas sur n’importe quelle guitare et ne se fringuent pas n’importe comment. "C’est un hasard, mais les trois guitaristes du groupe jouent tous sur des Teisco/Excetro japonaises, une marque vintage qui coûte moins cher que les autres plus connues et qui sonne très bien. En plus, ce sont des guitares au design exceptionnel. J’aimerais bien avoir une Vox Teardrop, mais c’est pas achetable!" rigole le chanteur et guitariste des Breast.
Pour les vêtements, les très stylés Luc Brien et sa copine Suzie McLelove, tout dandys qu’ils soient, ne fréquentent pas les boutiques branchées, mais plutôt les friperies, finances obligent. "On est vraiment Armée du salut et Village des valeurs, on s’habille uniquement là, avoue Luc. Mais ça commence à être difficile de trouver du linge vintage 60’s. Heureusement, y a des coupes plus contemporaines pour les vestons que je trouve ben l’fun. J’aime quand c’est sport, pas long, pas large, ajusté au corps, avec trois ou quatre boutons, pas plus. Pour les Beatles boots, je suis assez chanceux, j’arrive à en trouver sans trop de difficulté. Par contre, il y a une dizaine d’années, on n’était pas nombreux à s’habiller un peu 60’s. Mais là je dirais que la mode m’a rattrapé! Au moins, on ne me taxe plus d’être rétro yéyé, car maintenant y a plusieurs musiciens de bands indie qui s’habillent comme moi! Je tente tout de même de me démarquer en restant original. Par exemple, en ce moment, je tripe à essayer de trouver des cravates bâtardes. Les petites cravates noires minces sont trop communes aujourd’hui, alors j’en cherche des différentes, celles qui sont plus courtes, ou qui ont les bouts carrés, ou des ascots, des foulards. Y a quelques années, quand j’ai vu Wilfred habillé presque pareil comme moi sur la pochette de son album, je me suis dit qu’il était temps que je trouve autre chose!"