Marc Hervieux : Entité bicéphale

"Si on va vraiment basic, les conflits racontés dans les opéras sont les mêmes qu’on connaît aujourd’hui: les guerres de religion. Les histoires d’amour. Les conflits sont les mêmes. On ne fait que les vivre différemment. En quelque sorte, ce constat fait peur; ça veut dire que le monde n’a pas tant évolué que ça", dixit d’emblée le ténor Marc Hervieux, qui revêtira sous peu les traits de l’insurgé Edgardo, l’un des personnages principaux de Luciana di Lammermoor, tragique opéra de Donizetti, considéré par plusieurs comme le chef-d’oeuvre du compositeur italien.

Ancré dans l’Écosse de la fin du 16e siècle, le récit s’attarde aux conflits qui opposent la famille Ashton aux Ravenswood avec, en toile de fond, les cruelles hostilités entre catholiques et protestants. "Le défi principal, c’est de rendre toutes les subtilités de la partition – avec ses forte et ses pianissimos – selon les mêmes indications que 300 000 chanteurs avant lui, tout en y apposant sa signature à lui. Ça, c’est excitant."

Le chanteur ne se le cache pas, il est de toutes les tribunes ces jours-ci. Rares sont les semaines où il ne se voit pas invité à participer à une quelconque émission de variétés télévisuelle. Sa carrière dite "pop", avec ses milliers de disques vendus, ses tournées qui affichent complet en criant ciseau, ne s’avère qu’un moyen, selon lui, de rendre à l’art lyrique la place qui lui revient. "Par mes passages à la télé, par ces éternels Con te partirò issus de la pop, je permets à un autre public de découvrir ces grandes histoires. Un jour, un gars qui tripait sur Deep Purple m’a vu à la télé et, le soir même, s’est procuré des billets pour un de mes opéras. Quand je l’ai rencontré après le spectacle, il m’a remercié. Il n’avait pas tout compris, mais il avait été là. C’est l’important."

À écouter si vous aimez /
Braveheart de Mel Gibson, Francesco Marconi