Mount Kimbie : Colline de blues
Mount Kimbie apporte douceur et minutie à la bass music.
Alors que le dubstep semble être devenu l’équivalent électronique du rapcore de Limp Bizkit – une rengaine agressive sans grand raffinement -, le terme "post-dubstep" semble fourre-tout et inutilement prétentieux, mais il décrit un mouvement précis et important de producteurs qui ont émergé du genre pour emmener la bass music dans des sphères plus subtiles.
Avec l’album Crooks and Lovers, le duo londonien Mount Kimbie a assurément pris la tête du peloton. J’ai beau essayer de contourner l’étiquette, m’enquérir des facettes rap, R&B et ambient de son langage, Dominic Maker revient malgré lui au concept de "post-dubstep". "Le dubstep est vraiment la racine de Mount Kimbie", explique-t-il, à peine descendu de l’avion qui le ramenait du festival South by Southwest. "Quand Kai (Campos, son compère) et moi sommes arrivés à Londres pour nos études et que nous nous sommes mis à sortir en boîte, c’était ce qui se passait. On trouvait ça excitant!"
Tandis que Campos vient du jazz, Maker a fait ses dents dans l’indie rock (d’où la présence de guitare dans la musique de Mount Kimbie) avant de passer au hip-hop, au grime, puis au garage house. La paire s’est depuis découvert de nouveaux points communs (actuellement: le dub et le techno), mais c’est le dubstep qui l’a menée vers "le mont Kimbie", cet endroit fictif évoqué lorsque, après avoir jeté "des quantités inimaginables d’idées", le duo tombe sur une piste qui "sonne juste".
En cours de route, le tandem a laissé de côté une grande part des basses fréquences qui définissent le dubstep. "La vérité, c’est que la basse est un outil avec lequel nous ne sommes pas très doués, ricane Maker. Ça doit demeurer une présence occasionnelle." Les mots "sélectif" et "occasionnel" reviennent souvent dans la conversation.
Lors de sa première visite à Montréal, en octobre, au festival Pop Montréal, le duo avait livré une prestation plutôt décevante. Selon Maker, les mois de tournée écoulés depuis ont permis à Mount Kimbie de mieux transmettre son univers sur scène. "Je crois qu’on a enfin compris ce qui fait la fibre d’un bon show, la formule parfaite pour nous en termes de répertoire, d’arrangements, de direction et d’énergie. Il ne s’agit plus seulement d’interpréter notre musique live, on veut aussi l’amener AUX gens. Il faut s’imaginer ce qu’on aimerait voir et entendre si on était avec le public. Maintenir une constance dans l’atmosphère. Au fond, il s’agit de reproduire l’ambiance d’un bon DJ set, mais live."
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James Blake, Four Tet, Prefuse 73