Salomé : Jusqu'au bout
Musique

Salomé : Jusqu’au bout

L’oeuvre de Richard Strauss est mal servie par une scénographie ultrastatique, mais heureusement, les interprètes sont solides et sauvent l’affaire.

Il y a si peu d’action dans Salomé que l’on préférerait peut-être assister à une version concert de l’oeuvre, qui nous permettrait au moins de regarder travailler le chef et les musiciens… J’exagère un peu, mais si on va à l’opéra pour "l’art total" qu’il prétend être, on risque d’être déçu. Évidemment, ce n’est pas la faute du concepteur de décors si l’oeuvre n’en réclame qu’un seul, mais quand même, il ne s’est pas tué à la tâche, c’est le moins qu’on puisse dire… C’est beau, oui, mais au bout de 100 minutes non-stop, on a fait le tour! C’est le même, Bruno Schwengl, qui a "conçu" les costumes, semblant avoir choisi au hasard dans la penderie des vêtements modernes et d’autres de l’aube des temps.

Bref, on ne va pas là pour se rincer l’oeil, si j’ose dire (surtout que le metteur en scène Seán Curran n’a pas grand-chose à animer). Heureusement, on nous offre des voix qui valent le détour: celle du ténor Roger Honeywell d’abord, dans le rôle d’un soldat qui se suicide malheureusement au bout de 10 minutes à respirer le même air que Salomé… Parlant d’air, n’en cherchez pas, il n’y en a pas, mais parlant de Salomé, disons-le enfin: c’est bien la soprano Nicola Beller Carbone, allemande comme le texte qu’elle chante, qui nous tient en vie jusqu’à la fin. Le rôle, exigeant, est taillé pour elle et elle le chante, joue et danse avec force, n’hésitant pas à faire la danse des sept voiles jusqu’au bout (elle aura bien la tête de Jean Baptiste – très bon Robert Hayward).

Dans la fosse, Yannick Nézet-Séguin rend la partition de Richard Strauss avec aisance et il obtient un son riche de son Orchestre Métropolitain, ce qui contribue aussi à nous aider à traverser ces 100 longues minutes.