William Fitzsimmons : Avec le temps
William Fitzsimmons voit de la lumière au bout du tunnel. Après un passage à vide, le chanteur folk se relève et sourit aux épreuves de la vie.
Certains auteurs-compositeurs-interprètes ont la faculté d’explorer les tréfonds d’une âme en peine comme personne d’autre. Ils parcourent le labyrinthe du subconscient au risque de s’y perdre et couchent sur papier le résultat d’un exercice introspectif parfois clairvoyant. Dans certains cas, cette faculté semble presque scientifique. William Fitzsimmons est sans contredit l’un de ces auteurs téméraires qui se passionnent pour cette discipline. Son folk acoustique dépourvu d’artifices et sa voix feutrée ne font qu’accentuer cette perception.
"Justement, nous avons fait une sorte de sondage il y a quelques semaines, en prévision de la sortie du prochain album, Gold in the Shadow. Les mélomanes étaient invités à se prononcer sur mes précédentes productions et sur l’image qu’ils cultivaient de ma personne. C’était très intéressant! Tout le monde semblait s’en faire pour moi; les gens s’informaient de ma santé et souhaitaient que j’aille mieux. D’un autre côté, ils apprécient ma musique et ne veulent pas que je change!" constate en riant Fitzsimmons.
Avec ce nouvel album, son cinquième en carrière après Derivatives, l’artiste natif de Pennsylvanie continue de faire son chemin à son rythme avec sa guitare. Remarqué en 2008 avec le disque The Sparrow and the Crow, une oeuvre forte qui suivait un divorce éprouvant, ce personnage à la longue barbe s’est alors retrouvé devant un choix de carrière difficile. Psychanalyste de formation, Fitzsimmons a dû choisir entre sa clientèle et la musique. Cette dernière l’a emporté, mais l’exercice thérapeutique n’est jamais trop loin.
"On reste psychothérapeute dans la tête. C’est une discipline qui se marie bien à l’écriture et à la musique, indique-t-il. Ça me poursuit tous les jours, c’est le travail d’une vie. Je pense que nous avons deux responsabilités fondamentales en tant qu’être humain: celle de se connaître pour acquérir une certaine liberté et celle d’entretenir des relations avec les autres. De toute façon, vivre sa vie sans se remettre en question ne vaudrait pas la peine. Certaines facettes de l’être humain me passionnent et m’intriguent. Par exemple, comment se fait-il qu’un homme soit capable de se jeter sur une grenade pour sauver la vie d’une personne? C’est morbide, je le sais… Ne t’en fais pas, je suis aussi le genre de gars qui aime prendre quelques bières en regardant la télévision!"
Fitzsimmons compte bien briser l’image de l’artiste torturé qui le suit avec Gold in the Shadow. Plus lumineuse, cette nouvelle production semble même le réconcilier avec le fait d’être heureux. "En studio, pour Derivatives, j’étais en conflit perpétuel avec mon producteur, se rappelle-t-il. J’étais trop perfectionniste, très pointilleux. Pour ce nouvel album, j’ai décidé d’être ouvert d’esprit, de respirer. Tu as beau vouloir tout contrôler et bien respecter ton canevas, rien ne vaut une performance inspirée. Ces chansons abordent parfois des sujets difficiles, mais les dénouements sont positifs. Il y a de l’espoir. Moi, j’ai toujours fait confiance à la vie!"
À écouter si vous aimez /
Sufjan Stevens, Timber Timbre, Bon Iver