Cut Copy : Images satellites
Musique

Cut Copy : Images satellites

La musique du combo australien Cut Copy s’écoute en partie avec les yeux.

Même s’il est lui-même sur une pas pire lancée depuis le populaire album In Ghost Colours (2008), le quatuor électro-pop australien Cut Copy devait avoir de sacrées bonnes raisons de refuser, à l’été 2010, l’invitation de Lady Gaga à assurer la première partie de sa prochaine tournée.

Si ça se trouve, c’était justement parce qu’il se préparait à faire une sorte de Gaga de lui-même avec Zonoscope, nouvel album paru en février dernier. Non, le groupe ne s’est pas converti à la pop imbuvable ni aux costumes invraisemblables, mais autant l’opus que la présente tournée donnée dans son sillage résultent d’une "revisualisation" de l’univers Cut Copy, selon le leader Dan Whitford. "En termes de composition et d’instrumentation, nous avons fait les choses différemment. Nous avons utilisé davantage de percussions, différents claviers analogiques, et la plupart des chansons ont été construites sur des rythmes, alors qu’avant elles provenaient de progressions d’accords, explique-t-il. Nous souhaitions que le concert reflète cela, donc nous jouons maintenant d’une plus grande variété d’instruments sur scène. Mais aussi, nous avons élaboré l’aspect visuel. L’univers qui est proposé est plus tangible; il ne s’agit plus seulement d’un gros tas de fils sur scène. Il y a des objets physiques avec lesquels le public peut entrer en relation, du contenu vidéo… Bref, davantage à voir."

Whitford, qui était designer graphique avant de vivre de sa musique, donne vraiment l’impression d’aborder la musique sous un angle visuel. Il confirme: "C’est une chose qui m’a toujours attiré dans la pop – ce lien étroit avec les belles images, les belles pochettes, les beaux vidéoclips, les beaux posters… C’est un niveau additionnel d’idées, un autre degré d’interprétation et une grosse part de Cut Copy", souligne-t-il.

Tout n’est cependant pas que considérations esthétiques. Dans Blink and You’ll Miss a Revolution, Whitford déplore la vitesse à laquelle la culture moderne est absorbée, puis jetée aux oubliettes. "La musique n’a plus le temps de se développer! On a longtemps considéré le disco comme une mode passagère, mais ça a quand même duré six ou sept ans. Aujourd’hui, une telle durée de vie serait inimaginable!"

Le constat joue forcément quand on fait des disques en 2011. Surtout quand, comme Whitford, on est aussi DJ. "Avec cet album en particulier, on a tenté de faire quelque chose de moderne, mais qui ait quand même une vibe classique."

À écouter si vous aimez /
New Order, Blur, Hot Chip, Franz Ferdinand