Mara Tremblay : Après la tempête

Ces derniers mois, ce fut le repos complet pour Mara Tremblay. Une convalescence qui a suivi un épuisement professionnel et personnel. L’auteure-compositrice-interprète a dû interrompre sa tournée pour recharger ses batteries et faire un gros ménage. Tout est allé trop vite depuis la sortie de l’album Tu m’intimides en 2009. "Je venais de perdre ma mère, je sortais l’album et partais en tournée, résume-t-elle. Tu n’as pas le temps de tout absorber, mais tu continues pareil. Et puis soudain, le corps ne veut plus suivre. Il faut que tu t’arrêtes, tu n’as plus le choix."

C’est seulement grâce à la télévision que nous avons pu garder contact avec l’artiste ces derniers mois. Entre autres grâce à l’émission Les voix humaines, un concept télé qui unit un auteur-compositeur-interprète à une réalité sociale précise. Sa rencontre avec Joanne, résidante d’une maison de transition pour femmes battues, a été documentée et présentée sur ARTV. Et une chanson fut écrite: Jojo. "Je suis quelqu’un de très sensible dans la vie et j’avais peur d’accepter cette invitation. Une amie m’a fait comprendre que l’histoire qu’avait vécue cette femme ne m’appartenait pas; j’étais une accompagnatrice dans tout ça. Mais écrire une chanson sur commande est un exercice très périlleux: soit ça fonctionne, soit ça ne marche pas du tout. Et là, cette chanson était dédiée à une personne qui a vécu quelque chose de très difficile et douloureux. Il fallait tellement que ça marche!"

"D’habitude, lorsque j’écris, tout s’exprime d’un seul souffle, précise-t-elle. C’est personnel, quelque chose en moi doit sortir. Une seule fois, en faisant Le chihuahua, j’ai décidé de m’y prendre autrement. Avec la chanson Le teint de Linda, j’avais inventé un personnage, une histoire. Volontairement, j’avais voulu me détacher personnellement du sujet. Pour Jojo, c’était totalement nouveau comme façon de faire. Cette rencontre m’a beaucoup touchée, et nous sommes devenues très proches. La toune est sortie, et finalement on l’adore toutes les deux! C’est sûr que je vais la faire dans mon nouveau spectacle."

Mara Tremblay a décidé de reprendre contact avec la scène en solo. Seule avec ses guitares, son violon et un piano, l’artiste nous propose une nouvelle lecture musicale. Quelques raretés seront aussi interprétées, dont la pièce Les vieux sentiers, originalement enregistrée avec une chorale sur l’album Les nouvelles lunes. Soutenue par les bons conseils du guitariste Olivier Langevin, la conception de ces nouveaux arrangements semble combler l’interprète. "Les vieux sentiers, c’est un défi que je me suis lancé. C’était de la job, mais j’y suis arrivée! Olivier est ensuite venu chez moi pour écouter les nouvelles instrumentations et me donner ses précieux conseils. On a une grande complicité et on se fait totalement confiance. L’un pour l’autre, on est un repère. Olivier m’a déjà dit que lorsqu’il travaillait sur les solos du dernier album de Vincent Vallières, afin de savoir si c’était bon, il se posait une question: "Est-ce que Mara aimerait ça?" C’est un beau compliment, je trouve!"

À écouter si vous aimez /
Marie-Pierre Arthur, Katie Moore, Fred Fortin