Baptiste Prud’homme : Mûri à point
Certains vous diront que la première idée est toujours la bonne. Cela n’a pas empêché Baptiste Prud’homme de longuement fignoler ses pièces avant de lancer Chansons usées.
"Ça me fait beaucoup de bien de sortir cet album", affirme Baptiste Prud’homme, d’un ton qui cache difficilement un certain soulagement. "J’aurais voulu que ça se fasse le printemps passé, mais on a décidé de travailler les chansons en spectacle pour essayer des arrangements et voir la réaction du public. Au départ, c’était pas mal éclectique. Mes tounes étaient disparates. À force de les peaufiner, ça a donné quelque chose d’un peu plus uniforme."
Chansons usées, qui succède à Vendanges acoustiques, conserve un parfum folk, en plus de fouiller des thèmes qui semblent chers à son auteur: la nature (Mon coin de pays), l’amour (Ensemble) et la famille (Rien qu’ça).
Cependant, pour une première fois, l’artiste de Grandes-Piles s’est permis de broder des musiques autour de textes offerts par d’autres, soit son fidèle guitariste Normand Béliveau et l’auteur Bryan Perro. "Bryan, je le connais un peu; j’avais déjà pris une ou deux bières avec lui au Café de la Voûte. J’admire bien gros ce qu’il fait. C’est effrayant toute l’imagination qu’a ce gars-là! Il a une grande formation comme auteur; il est allé à l’université… Tandis que moi, je suis carrément autodidacte. Je lui ai donc envoyé un courriel et il m’a répondu favorablement." Même que l’écrivain lui a offert trois textes. Prud’homme n’en a toutefois utilisé qu’un seul pour son deuxième disque, enregistré à L’Hermite studio de campagne: Tes yeux.
"C’est une chanson d’amour. Je trouve ça le fun de pouvoir chanter les mots de quelqu’un d’autre. Bryan parle d’une autre façon que je pourrais le faire." Ah oui? "Il est beaucoup plus structuré, je trouve. Et le texte que j’ai choisi, je le trouve un peu pervers, un petit peu cochon. (rires)"
AILLEURS
Ces mois-ci, le musicien, qui a reçu une bourse de résidence du CALQ, profite d’un studio dans le Vieux-Montréal. Il partage ainsi son temps entre la métropole et la Mauricie. "C’est sûr qu’avec la famille, j’essaye de concilier tout ça. Par ailleurs, ça se passe super bien là-bas. J’écris surtout. J’utilise aussi les lieux pour faire du réseautage, rencontrer des gens et des compagnies de disques."
Croit-il que cet actuel séjour teintera ses compositions futures? "Certain! C’était surtout ça, le but du projet, soit de m’inspirer d’autres choses que de la nature et des oiseaux. Je voulais m’intégrer à la masse et parler de l’individu, de comment ça se passe en ville. C’est bien différent pour moi: prendre le métro, me retrouver entouré de plein de gens, la proximité…" conclut l’ex-menuisier.
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Michel Rivard, Kevin Parent